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    Textes philosophiques
  Eckhart Tolle      l'éveil par l'adversité
 
      
      	     
		Bienvenue,Nous 
		sommes ici pour aborder le sujet des temps difficiles à vivre, la façon 
		de faire parfois avec des épreuves extrêmes, la façon de rester 
		conscient lorsque les épreuves surviennent. Il est vrai bien sûr que, la 
		plupart du temps, la vie est vécue par la majorité des gens comme étant 
		éprouvante, bien qu’il y ait parfois des intervalles de temps où tout 
		semble aller très bien. Selon ce qui est prévu, de bonnes choses se 
		produisent. Vous pouvez alors vous détendre, être heureux. Vous tombez 
		peut-être amoureux, vous vous êtes marié, vous avez obtenu une 
		promotion. Tout va bien professionnellement. Vous avez un enfant et ce 
		sont des moments heureux. Ce sont des intervalles de temps heureux.
 C’est merveilleux quand les 
		choses se déroulent bien dans sa vie et nous devons évidemment 
		l’apprécier, mais étrangement, tôt ou tard et souvent très vite, quelque 
		chose semble venir gâcher la satisfaction que vous avez connu un temps. 
		Il y a toujours quelque chose qui arrive, tôt ou tard, qui semble 
		vouloir saboter ce qui va bien dans votre vie. Certains le prennent même 
		personnellement. Ils pensent alors qu’il doit y avoir un dieu qui aurait 
		quelque chose contre eux ou ils disent plus généralement que la vie les 
		traite injustement : « Pourquoi est-ce que la vie me traite injustement 
		? Pourquoi est-ce que ces choses arrivent toujours à moi ? Pourquoi à 
		moi ? Tous les autres semblent aller très bien… ».
 C’est bien entendu 
		une perception erronée. Les autres peuvent avoir l’air d’être très bien 
		si vous regardez leurs posts sur Instagram, sur Facebook. Là, ils ont 
		l’air d’aller très bien, d’être heureux, mais bien sûr, comme vous le 
		savez sans doute, c’est une façade. C’est une image mentale, 
		artificielle que les gens projettent dans le monde à seule fin d’obtenir 
		de la reconnaissance, d’obtenir un maximum de « j’aime ». Ils se sentent 
		alors regonflés et connaissent un sentiment identificatoire renforcé. 
		Ils se sentent mieux par rapport à eux-mêmes, de façon passagère, et ils 
		peuvent ne pas se rendre compte qu’ils vivent finalement un mensonge 
		qu’ils projettent continuellement, qu’ils vivent à travers un faux 
		sentiment de soi.
 
 Dans une certaine mesure, 
		c’était déjà la même chose avant l’invention des médias sociaux et de 
		toutes ces choses, mais il y a maintenant une amplification de la 
		tendance à avoir une image mentale de qui vous êtes et à expérimenter la 
		vie, les autres, les événements à travers cette image mentale de qui 
		vous êtes : « C’est moi. Ma vie », dites-vous. « Qu’est-ce que ma vie ? 
		» Une histoire dans votre tête, une histoire que vous vous racontez, une 
		histoire que vous racontez aux autres, quelque chose que vous projetez. 
		C’est un rôle que vous jouez inconsciemment, que vous avez été 
		conditionné à jouer. Les rôles varient d’une personne à l’autre.
 Sauf quand les gens 
		commencent à s’éveiller, à devenir conscients, à s’éveiller 
		spirituellement, presque tout le monde joue un rôle, sans le savoir. 
		C’est le conditionnement qu’ils ont connu depuis l’enfance, conditionnés 
		par leur environnement immédiat, par leur environnement culturel. Vous 
		devenez donc cette entité. Et en fin de compte, quand vous êtes 
		inconscient, c’est-
  à-dire quand vous êtes complètement identifié au 
		rôle, vous fonctionnez à partir d’un vieux scénario. C’est ainsi que la 
		personne qui vit avec vous finit par connaître à l’avance vos 
		comportements, vos réactions ayant tendance à être toujours les mêmes. 
		Ce que vous dites tend à être toujours la même chose. Vous confondez ce 
		scénario, votre conditionnement mental, avec qui vous êtes en réalité. Or, cette entité, ce 
		sentiment de soi fabriqué par le mental, ce que nous pouvons aussi 
		appeler l’ego, n’est jamais heureux pour très longtemps. Et il a 
		tendance à réagir très fort quand les choses se passent mal dans la vie, 
		autrement dit quand des épreuves se présentent, quand quelque chose ne 
		cadre pas avec l’histoire du « moi ». C’est ainsi très communément que 
		les gens se plaignent beaucoup à propos de leur vie, soit mentalement, 
		soit à haute voix, quand des choses arrivent, des petites choses qui 
		semblent faire du sabotage. Ça peut être de très petites choses : vous 
		ratez le bus, vous êtes dans les embouteillages, vous perdez quelque 
		chose, vous avez rendez-vous avec quelqu’un qui n’arrive pas… Il y a 
		toutes sortes de petites choses qui ont tendance à se produire au 
		quotidien et même ces petites choses sont pour l’ego de la matière à 
		réaction. La plupart du temps, l’ego n’est pas heureux là où il est, 
		avec ce qu’il fait.
 Et les difficultés 
		qui arrivent dans la vie des gens… Utilisons pour un moment un autre 
		mot. Les épreuves peuvent comprendre un élément légèrement positif. On 
		utilise par exemple l’expression « relever le défi ». Or, quand ces 
		choses arrivent dans votre vie, c’est habituellement éprouvé comme de 
		l’adversité, pourrait-on dire. C’est quelque chose qui ne va pas, qui va 
		de travers.
 Vous 
		le savez, le terme « adversité » fait penser aux adversaires. C’est donc 
		comme si vous étiez confronté à un ennemi, sous la forme d’une 
		situation, d’une personne désagréable, d’un évènement, soit qui ne se 
		produit pas et devrait se produire, soit qui se produit et ne devrait 
		pas se produire. Vous éprouvez donc l’adversité sur une petite échelle 
		et de temps en temps sur une grande échelle, l’adversité à grande 
		échelle et l’adversité à petite échelle. Cela mène à la souffrance. 
		L’ego l’éprouve comme étant le malheur. Le malheur arrive donc dans la 
		vie de la plupart des gens, presque continuellement, même s’il y a de 
		petits répits. Ensuite, à nouveau, quelque chose se passe qui vous cause 
		une forme de souffrance.
 Il y a différentes 
		formes d’adversité qui se présentent. On pourrait dire qu’il y a 
		principalement trois types d’adversité, d’abord l’adversité qui survient 
		dans votre vie personnelle, dans votre environnement immédiat, avec les 
		gens que vous connaissez, les gens avec qui vous travaillez. À la 
		maison, au travail, partout ailleurs ; une maladie soudaine, des 
		problèmes financiers, des problèmes relationnels, etc. C’est l’adversité 
		dans votre vie personnelle.
 Ensuite, il y a un 
		autre type d’adversité et c’est sur quoi nous voulons nous concentrer 
		ici, en particulier lors des prochaines rencontres. C’est l’adversité 
		qui survient sur une plus grande échelle, au niveau collectif dont vous 
		faites partie. Cette adversité n’affecte pas que vous, mais elle affecte 
		énormément de gens, dans votre ville, dans votre pays ou même dans le 
		monde entier. Cela peut être un tremblement de terre, un ouragan, un 
		effondrement économique. Cela peut être une pandémie, le sujet 
		d’actualité.
 Donc, soudainement, non pas vous seul, mais des millions de gens font 
		face à la même sorte d’adversité. Ces choses sont plus importantes que 
		les petites choses qui semblent gâcher votre vie quotidienne. Ainsi, 
		vous êtes parfois confronté à une forme colossale d’adversité. Nous 
		avons donc l’adversité personnelle et l’adversité collective. Parfois, 
		l’adversité collective qui survient est si énorme que vous oubliez vos 
		problèmes personnels, parce que vous faites alors partie intégrante d’un 
		problème collectif colossal. Par exemple, il y a la guerre quelque part, 
		puis elle arrive dans votre pays. Des troubles sociaux, une guerre 
		civile, un pays envahi, une pandémie, un effondrement économique total, 
		etc. Vous pouvez alors trouver d’un coup que vos problèmes ordinaires 
		sont devenus relativement insignifiants.
 Venons-en au troisième type d’adversité. Ce 
		troisième type est un élément des deux autres. Il est très commun. C’est 
		l’adversité, vous pouvez dire la souffrance, qui surgit dans votre tête 
		comme effet de certains types d’activités mentales dysfonctionnelles, du 
		penser dysfonctionnel. C’est très important de reconnaître cela en 
		vous-même et de vous demander, en toute circonstance où vous éprouvez de 
		l’adversité, de la souffrance, s’il y a effectivement quelque chose ici 
		qui vous rend malheureux ou si c’est votre mental qui est en train de 
		créer la souffrance que vous éprouvez.
 Et très souvent, la souffrance que crée votre 
		mental est une forme de peur. La peur est une souffrance très commune. 
		Ainsi, si vous en devenez plus conscient, vous pouvez faire la part des 
		choses entre ce que votre mental fabrique et ce qui se passe 
		effectivement en termes de problèmes immédiats dans votre vie. Vous 
		pouvez vous libérer de beaucoup de souffrance en reconnaissant qu’un 
		pourcentage considérable de la souffrance dans votre vie ne provient pas 
		de situations dans lesquelles vous vous trouveriez, même si ça semble 
		être le cas. Si vous y regardez de plus près, vous pouvez vous rendre 
		compte qu’en réalité, c’est l’histoire qui émerge dans votre tête qui 
		crée en vous des émotions, la souffrance.
 Un cas typique et 
		évident, c’est quand vous vous réveillez en pleine nuit et que vous 
		commencez à vous faire du souci : « Pourquoi ceci ? Qu’est-ce qui va se 
		passer ? » ça n’a pas besoin d’être la nuit, ça peut se produire 
		également à tout moment dans la journée. Tout d’un coup, vous vous 
		faites du souci. Qu’est-ce que le souci ? Le souci est un certain type 
		d’activité mentale. Ordinairement, cela veut dire que vous vous projetez 
		dans certains moments à venir critiques.
 Le souci ne concerne pas le moment présent. 
		Quand un problème ou un défi survient dans le moment présent, vous ne 
		vous faites pas de souci, vous le considérez et peut-être vous faut-il 
		agir, faire une action. Il se peut aussi que vous considériez le 
		problème de l’instant et qu’il n’y ait rien que vous puissiez faire. 
		C’est alors ce qui est. Ordinairement, le souci implique le futur, la 
		projection dans le futur que vous ne pouvez pas contrôler. Il n’est rien 
		que vous puissiez faire concernant ce que vous imaginez comme allant se 
		produire à l’avenir, ce qui est d’autant plus frustrant. Si cela 
		arrivait dans le moment présent, vous pourriez faire quelque chose ou 
		simplement vous dire : « Eh bien, j’ai juste à accepter la chose telle 
		qu’elle est dans l’instant ! »
 Or, s’il s’agit de quelque chose que votre 
		mental est en train de créer, il n’est rien que vous puissiez faire. Le 
		mental se projette lui-même et crée des scénarios dans lesquels vous 
		vous trouvez où dans lesquels certains de vos proches se retrouvent. Ce 
		sont peut-être vos enfants, vous imaginez quelque chose qui leur arrive, 
		quelque chose qui vous arrive. Vous imaginez une grosse perte qui va 
		diminuer ce que vous êtes, qui va rendre votre vie insupportable. Et ce 
		pourrait être un gros événement. « S’il y a une pandémie, que va-t-il 
		m’arriver, que va-t-il arriver à ma famille ? Est-ce que cela va 
		m’affecter ? Est-ce que je vais être malade ? Est-ce que je ne pourrai 
		plus travailler ? Est-ce que je vais mourir ? » Vous imaginez toutes 
		sortes de choses qui pourraient vous arriver. Vous éprouvez alors la 
		peur.
 Il est donc important de se rendre compte que la peur n’est pas créée 
		par la situation, si vous la considérez avec beaucoup d’attention. La 
		peur est créée par l’activité mentale, par de l’activité mentale 
		inconsciente. Quand je dis « activité mentale inconsciente », je veux 
		dire par là que vous êtes complètement identifié au mental conditionné 
		et à ce que fait le mental. Vous êtes sous l’emprise d’un certain type 
		de penser et quand il se fait souci, préoccupation, ce type de penser 
		crée une émotion que vous éprouvez dans le corps. Cette émotion est 
		l’anxiété, la peur. Vous pouvez souvent la sentir dans l’estomac. Vous 
		pouvez ressentir une contraction dans le champ d’énergie. Vous pourriez 
		même sentir que vos mains deviennent moites. C’est le signe d’une grande 
		nervosité ou de l’anxiété.
 Cette sorte 
		d’émotions est en fait très nocive pour le corps. Même la médecine 
		conventionnelle reconnaît désormais que les gens qui éprouvent de la 
		peur émotionnelle, du stress, de l’anxiété ont un système immunitaire 
		très faible. Cela affecte tout le fonctionnement du corps. Cela a un 
		impact sur le fonctionnement harmonieux du corps. Le paradoxe ou 
		l’ironie, la triste ironie, c’est que vous avez souvent tendance à 
		attirer ce que vous craignez continuellement.
 Dans le cas de la maladie, 
		on peut voir cela plus clairement. Si vous vous faites continuellement 
		du souci à propos de la maladie et que vous êtes la proie d’un virus, en 
		maintenant continuellement cette image mentale, en premier lieu, 
		l’émotion qui l’accompagne affaiblit votre système immunitaire. Et il y 
		a autre chose : l’image mentale de vous-mêmes en tant que personne 
		malade est créatrice. Le mental est un instrument créatif très puissant. 
		Le mental est donc capable de créer quelque chose qu’il projette dans le 
		monde d’une manière régulière. Non pas seulement parce que votre système 
		immunitaire a été affaibli, mais encore parce que vous vous projetez 
		vous-même en tant que personne malade, il y a plus de risques que vous 
		attrapiez réellement le virus. C’est donc très dangereux.
 Je ne dis pas que cela va 
		forcément arriver, mais il y a alors plus de risques que cela arrive. Et 
		je ne dis pas non plus, quand vous n’avez pas cette image mentale de 
		vous-même en tant que personne malade, que vous ne pouvez pas du tout 
		tomber malade. Il y a beaucoup d’autres facteurs impliqués, mais c’est 
		l’un des facteurs importants.
 Donc, vous expérimentez la peur et c’est une 
		émotion très désagréable. Comme je l’ai dit, la peur est éprouvée dans 
		le corps et la raison pour laquelle le corps en fait l’expérience, c’est 
		parce qu’il a sa propre intelligence. Le corps est imprégné 
		d’intelligence qui coordonne les innombrables fonctions qui l’animent. 
		Chaque organe, chaque cellule coopèrent avec la totalité du corps. Il y 
		a une intelligence immense qui sous-tend le fonctionnement du corps.
 
 Or, cette 
		intelligence ne peut pas faire la différence entre quelque chose qui se 
		produit réellement et quelque chose qui ne se passe que dans votre tête. 
		Et c’est la raison pour laquelle vous expérimentez la peur. Quand vous 
		vous faites du souci, c’est-à-dire quand vous expérimentez des 
		situations critiques dans votre tête, quand vous vous retrouvez dans une 
		histoire racontée, le corps ne peut pas faire la différence entre la 
		réalité et ce qui n’est qu’une création mentale. Le corps réagit donc 
		comme si ce que vous imaginez était la réalité et il expérimente donc la 
		peur.
 Si des 
		situations problématiques vous arrivaient dans l’instant, le corps 
		pourrait aussi éprouver ce champ d’énergie que nous appelons la peur, 
		mais cela aurait un but. Vous auriez besoin de ce surplus d’énergie de 
		sorte à pouvoir passer à l’action et de ne pas être piégé, quoi qu’il 
		soit possible que la peur vous paralyse. Potentiellement, quand vous 
		êtes face à une situation, vous avez besoin d’un surplus d’énergie. La 
		peur a donc sa place, mais ce n’est pas une peur psychologique. C’est 
		quelque chose qui vous permet de faire quelque chose : de vous en aller, 
		de vous battre. « Se battre ou s’enfuir », dit-on. Or, quand vous vous 
		faites du souci, il n’est rien que vous puissiez faire.
 La peur est donc 
		extrêmement déplaisante et des millions de gens, la majorité des gens 
		l’éprouvent. Et quand les choses ne vont pas, quand l’adversité se 
		présente à une grande échelle, soit dans votre vie personnelle, soit au 
		niveau collectif, vous éprouvez même plus de peur que vous n’en 
		éprouveriez normalement. Alors, en premier lieu, voyez s’il est possible 
		de réduire, sinon d’éliminer la peur que vous éprouvez, parce que ce 
		serait vous délester d’un lourd fardeau en pouvant vivre la vie sans 
		aucune peur ou au moins avec moins de peur. C’est quelque chose de très 
		important sur quoi vous pouvez travailler.
 Quand vous ressentez la peur, devenez 
		conscient de votre activité mentale. Quelles sont vos pensées ? Et en 
		général, vous remarquerez qu’il y a une projection mentale de moments 
		futurs très pénibles. Vous pourriez avoir peur pour vous-même ou pour 
		d’autres personnes. De mauvaises choses pourraient leur arriver.
 La première étape pour se libérer de la 
		souffrance inutile consiste à devenir conscient de votre mental, de 
		votre vieux mental. Vous découvrez alors que l’essentiel de votre 
		souffrance est produit par votre mental et non pas par la situation. 
		Reconnaître qu’il en est bien ainsi est la première chose. Cela ne veut 
		pas dire que vous êtes immédiatement libéré de la souffrance, le mental 
		conservant un certain pouvoir. Cependant, vous commencez à vous éveiller 
		alors que vous reconnaissez effectivement, juste maintenant, ici et 
		maintenant, en ce moment où vous vous trouvez, qu’il n’y a absolument 
		rien à redouter.
 Chose étrange, cela s’applique quasiment à 
		chaque instant de votre vie ! Quand je dis « à chaque instant », ce que 
		cela veut vraiment dire, c’est que cela s’applique au moment présent. Et 
		qu’est-ce que le moment présent ? Le moment présent est l’espace dans 
		lequel votre vie se déroule. Elle ne peut se dérouler nulle part 
		ailleurs. Le moment présent est l’espace dans lequel votre vie se 
		déroule, nulle part ailleurs ! Tout se déroule dans le moment présent. 
		Il n’y a jamais rien d’autre que le moment présent. Votre vie, ce que 
		vous appelez « votre vie » est inséparable du moment présent. Le moment 
		présent est l’espace pour votre vie. Il est l’espace. Même quand vous 
		vous rappelez le passé, même quand vous pensez à l’avenir, vous le 
		faites… maintenant ! Et donc, dans le moment présent, ordinairement, il 
		n’y a rien à craindre.
 Certes, il peut y avoir 
		quelque chose qui ne va pas dans le moment présent, une situation 
		problématique, et il faut que vous fassiez quelque chose. Et vous faites 
		quelque chose ! Si un animal sauvage surgissait soudainement dans cette 
		pièce, si la porte s’ouvrait et qu’un ours apparaissait, il est possible 
		que nous vivrions, que je vivrais un moment de peur. … Vous êtes là … 
		Mais après ça, une grosse énergie peut être libérée pour permettre à une 
		action de se produire. Nous ne pouvons pas prévoir ce que serait cette 
		action.
 L’ours arrive. Peut-être la meilleure action consisterait-elle à 
		demeurer immobile, sinon à s’en aller très vite, qui sait ? Ou à se 
		faire le plus gros possible pour faire peur à l’ours. C’est ce qui est 
		recommandé quand on va se promener dans la forêt. En Colombie 
		britannique, si vous rencontrez un ours brun, cela pourrait être utile 
		de vous faire plus gros que vous êtes. Et vous êtes comme ça … Vous vous 
		ajustez donc à la situation. Ça pourrait marcher ou pas ! L’ours peut ne 
		pas se laisser avoir. Il peut vous attaquer, vous tuer, mais c’est une 
		situation rare à laquelle vous avez à faire face. La plupart du temps, 
		ces choses ne se produisent pas.
 Presque toujours, en considérant le moment 
		présent, vous pouvez noter qu’il n’y a rien à craindre. Considérons le 
		virus, la pandémie. Nous savons que beaucoup de gens sont affectés, mais 
		en cet instant, ici, y a-t-il quelque chose à craindre, juste ici et 
		maintenant ? Je respire, je regarde autour de moi, je suis vivant, je 
		peux sentir l’énergie, le corps subtil, l’énergie qui imprègne le corps. 
		C’est ce qui est juste maintenant.
 S’il devait arriver que des symptômes se 
		fassent éprouver, cela pourrait signifier que le virus est entré dans 
		votre corps. Toute sorte de symptômes : mal de tête, mal de gorge. Et 
		vous vous dites alors : « « Eh bien, ça peut être le virus ou ne pas 
		être le virus ! » Et là encore, le mental peut bien sûr arriver et vous 
		vous dites : « Est-ce que je vais mourir ? » Il faut que nous parlions 
		de la mort dans un petit moment, parce que c’est un sujet important qui 
		est là impliqué.
 Or, même si vous éprouvez des symptômes, si 
		vous pouvez être concentré sur le moment présent, vous vivez seulement 
		ces symptômes. Et en plus de reconnaître les symptômes, vous pouvez 
		encore sentir le champ d’énergie intérieur du corps, parce que toutes 
		les parties du corps n’endurent pas les symptômes. Donc, vous pouvez 
		sentir l’énergie dans les jambes, dans les bras ou les mains. Et ce qui 
		est, c’est ce qui est. Vous touchez alors un endroit d’acceptation : 
		c’est ce qui est ressenti maintenant. C’est un retour continu de votre 
		attention sur le moment présent.
 Et dans le moment 
		présent, la plupart du temps, vous découvrez que la souffrance, le 
		malheur, la peur ne peuvent pas subsister dans le moment présent. Donc, 
		quand vous avez peur, votre pratique : soyez conscient, soyez vigilant 
		et posez-vous la question « Qu’est-ce que mon mental est en train de 
		faire ? Quelles sont les histoires que mon mental est en train de créer 
		juste maintenant ou qu’il crée depuis une heure, depuis deux heures, 
		depuis deux jours ? » Et vous découvrez alors : « Oh, il a créé des 
		scénarios ! » Ce sont des scénarios critiques qui ne se produisent pas, 
		qui pourraient se produire.
 Bien sûr, il y a un 
		pouvoir là derrière. Il y a un pouvoir derrière ce type de pensées. En 
		d’autres termes, ce type de pensées veut se perpétuer en vous, parce que 
		c’est un champ d’énergie et il fait partie de la conscience égoïque, de 
		la conscience de l’ego. Ce champ d’énergie vit en vous. Il ne veut pas 
		s’en aller. En fait, il veut croître. C’est un champ d’énergie qui veut 
		persister et se développer.
 Et comme vous le 
		savez sans doute, les gens peuvent être complètement absorbés dans 
		certains types de penser. Ils pensent de façon obsessionnelle à 
		certaines choses qui sont éprouvées comme très problématiques, comme 
		horribles, et ils ne peuvent pas arrêter. Presque à chaque instant de 
		leur vie quotidienne, dans les cas extrêmes qui ne sont pas 
		exceptionnels, il y a ce penser obsessionnel. En d’autres termes, 
		Quelque chose a pris possession de votre mental. C’est un champ 
		d’énergie qui veut se développer. C’est comme un virus mental, non pas 
		un virus physique. Beaucoup de gens éprouvent un virus mental sans le 
		savoir, ce qui veut dire qu’une seule pensée se développe, se reproduit, 
		pourrait-on dire, mène à d’autres pensées connexes.
 Vous avez alors tout un paquet de pensées qui 
		sont reliées et ce paquet de pensées a pris possession de vous. Presque 
		tout ce à quoi vous pensez est coloré par ce paquet de pensées 
		obsédantes qui demeurent en vous. Or, vous y êtes tellement identifié 
		que vous ne le savez même pas. C’est votre réalité. C’est une horrible 
		manière de vivre qui est très commune. Sous une forme plus discrète, 
		tout le monde qui n’a pas un minimum de conscience de son mental, qui 
		est complètement identifié à son mental, éprouve cela à un certain 
		degré, pour certains à un degré beaucoup plus élevé que d’autres.
 C’est être possédé par certains types de 
		pensées dans la tête et vous appelez ça « je ». Vous êtes si identifié 
		aux pensées que vous les appelez « moi ». Vous êtes ce paquet de pensées 
		et qui parle alors ? Quand vous parlez, ce paquet de pensées qui vous 
		possède prend la parole. Il utilise votre voix. Vous n’êtes même pas là. 
		Vous êtes endormi. Spirituellement parlant, vous êtes complètement 
		inconscient. Vous êtes possédé par certains types de pensées qui font 
		partie de votre ego, de votre conscience égoïque.
 La vie devient alors 
		plutôt désagréable, parce que dans la plupart des cas, pour ne pas dire 
		dans tous les cas, ces types de pensées ne donnent pas des pensées 
		heureuses. Les pensées obsessives ne sont pas heureuses. Les pensées 
		obsessives sont des pensées malheureuses. Je n’ai encore rencontré 
		personne avec des pensées obsessives proclamant : « La vie n’est-elle 
		pas merveilleuse ? La vie est si bonne ! Je ne peux pas m’empêcher de 
		penser à combien la vie est bonne ! » Non, cela n’est pas une pensée 
		obsessive.
 Mais « la vie est épouvantable, regarde ce qu’ils m’ont fait ! Regarde 
		ça ! » Ce sont là des pensées obsessives. « Regarde tous ces gens 
		horribles ! » Où qu’ils soient ou quoi que ce soit d’autre, qu’importe 
		la nature de ces pensées, elles ont pris possession de vous !
 Maintenant, nous 
		devons regarder autre chose. En définitive, ces pensées ne sont pas vos 
		pensées. Vous avez absorbé ces pensées du collectif. L’esprit collectif 
		est le mental collectif et ce mental collectif se propage… Bon, de nos 
		jours, on peut le voir plus clairement qu’avant. Le mental collectif 
		existait déjà avant que l’on invente Internet, les réseaux sociaux, etc. 
		Mais maintenant, on peut effectivement voir le mental collectif 
		extériorisé sur Internet et les réseaux sociaux. Et vous pouvez aussi 
		voir le mental collectif extériorisé dans les médias conventionnels.
 Et donc, quand vous regardez ces choses, où 
		que ce soit, avec votre ordinateur, à la télévision, sur votre 
		smartphone, vous absorbez certaines pensées de l’esprit collectif. Elles 
		s’accrochent alors à vous et elles font partie des pensées qui demeurent 
		en vous. Vous ne savez pas qu’elles n’ont rien à voir avec vous. Vous 
		êtes relié à l’esprit collectif et alors que vous exprimez vos opinions, 
		ce ne sont pas vos opinions. Ce ne sont que certaines pensées qui 
		demeurent en vous.
 Ainsi, la conscience fait défaut, ce qui vous 
		libère de ce destin terrible, où vous êtes à la merci de votre 
		conditionnement mental qui vous cause tant de souffrance. La conscience 
		est la clé qui vous en libère. Et la reconnaissance est l’éveil de la 
		conscience. Cela commence avec la simple réalisation que toutes les 
		pensées qui vous passent par la tête ne sont pas qui vous êtes. Toutes 
		les pensées qui vous passent par la tête ne sont pas qui vous êtes. Ce 
		sont des pensées. Comment le sait-on ? Grâce à la capacité en soi de 
		devenir conscient des pensées qui nous arrivent. C’est vraiment ce qui 
		se passe, elles nous arrivent. À ce moment-là, vous ne croyez plus 
		complètement aux pensées. Vous voyez simplement que ce ne sont que des 
		pensées.
 Très 
		souvent, vous pouvez alors voir, pour autant que l’esprit collectif est 
		concerné, la folie dans beaucoup de choses que les gens disent, dans ce 
		dont ils parlent. Vous pouvez tout à coup voir : « Oh, beaucoup de ce 
		que je vois dans les médias conventionnels est plutôt fou ! » Les médias 
		conventionnels, ainsi que d’autres formes médiatiques, Internet et 
		autres, sont l’extériorisation du mental humain et ils renforcent aussi 
		la peur que vous éprouveriez normalement sans ces pensées.
 Si vous interagissez trop 
		fréquemment avec ces formes de mental collectif extériorisé, si vous 
		regardez trop la télévision, si vous regardez trop les réseaux sociaux, 
		si vous interagissez trop avec ces choses, beaucoup de ce qui est cause 
		de souffrance dans votre mental est amplifié par ce que vous absorbez du 
		mental collectif. Ainsi, vous êtes encore plus effrayé que vous le 
		seriez sans ces réseaux sociaux, ni les médias conventionnels. Vous êtes 
		encore plus effrayé, parce que cela amplifie ce qui est déjà en vous.
 Il est donc extrêmement 
		important, en particulier en ce moment, quand vous interagissez avec les 
		médias, que vous soyez conscient de combien la plupart des gens sont 
		inconscients. Vous pouvez regarder les actualités, mais de façon plus 
		objective. Vous pouvez être là en tant que présence consciente. Vous 
		vous rendez alors compte qu’il y a énormément de propos alarmistes, de 
		combien ils insistent sur les événements sensationnels, catastrophiques. 
		Et ils ne le font pas intentionnellement. Ils ne peuvent pas s’en 
		empêcher. C’est leur boulot. Ils doivent le faire. Ça leur apporte plus 
		de spectateurs. Plus il y a d’événements sensationnels, catastrophiques, 
		émotionnels, plus ils créent d’ennemis, plus cette énergie inconsciente 
		augmente. Ils ne s’en rendent pas compte et les spectateurs inconscients 
		non plus. C’est la souffrance. Ils créent de la souffrance, mais ils ne 
		le savent pas.
 En premier lieu, vous devez diminuer le temps que vous passez à vous 
		relier au mental collectif extériorisé que vous avez là avec les réseaux 
		sociaux, Internet et les médias conventionnels. Et quand vous 
		interagissez effectivement, soyez très conscient du fait que la grande 
		partie de ce que vous voyez et lisez est une expression de 
		l’inconscience humaine, de l’ego, de l’ego personnel et collectif.
 
 Il importe que vous ne soyez pas hypnotisé. C’est comme une forme 
		d’hypnose. Vous êtes hypnotisé par ce type de technologie et par ce 
		qu’elle transmet.
 Il y a un autre facteur intéressant : le 
		battage que vous subissez – la peur qui vient alors – à propos de la fin 
		du monde. C’est la fin du monde ! Il y a une certaine ambivalence chez 
		beaucoup de gens à propos de la fin du monde. D’un côté, ils en ont peur 
		ou ils redoutent une catastrophe énorme.         
		Vous pouvez le voir dans beaucoup de films sortis depuis des années et 
		qui ont beaucoup de succès, des films qui présentent des catastrophes 
		énormes, des catastrophes collectives qui impactent l’humanité. 
		D’innombrables films ont été tournés là-dessus. Les gens aiment regarder 
		ces films. Ils sont attirés par les catastrophes énormes.
 Certes, quand 
		cela arrive en réalité, il y a bien sûr aussi beaucoup de peur, mais il 
		y a une ambivalence : il y a aussi un désir inconscient en beaucoup 
		d’êtres d’humains de ce que nous pourrions appeler « l’effondrement du 
		monde fabriqué par les humains », parce que la plupart des humains 
		éprouvent le monde comme un fardeau. Ils doivent vivre dans ce monde, 
		ils doivent interagir dans ce monde, mais le monde est problématique, le 
		monde implique une lourdeur. Vous avez votre travail, vous avez les 
		impôts, vous avez l’argent, vous avez à faire… Le monde est complexe et 
		pesant. Il y a donc un désir inconscient pour les gens de ce que nous 
		pourrions appeler « la fin du monde ».
 Or, en 
		définitive, ce à quoi ils aspirent, c’est en effet une sorte de 
		libération, mais l’ultime libération à laquelle ils aspirent, c’est la 
		libération d’eux-mêmes, la libération de ce qu’ils éprouvent comme leur 
		sentiment de soi pesant et problématique qui est inséparable du monde 
		dit extérieur. Il y a donc en chaque humain une aspiration à 
		cela.
 
 Conférence
 
    Indications de lecture:
	  
  
     
        
        A,
         B,
         C,
         D,
         E,
         F,
         G,
         H, 
        I,
         
        J,
         K,
         L,
         M,
         N, 
        O,
         P, Q,
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         S,
         T, U,
         
        V,
         
        W, X, Y,
         
        Z. 
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