Leçon 282.  Philosophie et spiritualité

    Nous avons vu qu'il est important de revenir vers ce que le mot philosophie indique, à savoir l’amour de la sagesse. C’est tellement oublié et c’est comme si les gens ne savaient plus lire. Pour résumer, l’ami de la sagesse est celui qui porte en lui une aspiration à une vie meilleure, plus vaste, plus riche et plus éclairée. D’autre part, disions-nous, il est important de relever aussi le fait que le terme sagesse désigne tout à la fois un rapport concret, direct avec la vie qui la rapproche de l’habileté, mais qu’il enveloppe aussi une relation subtile avec la Connaissance.

    Nous pouvons le remarquer parfois, quand nous disons à propos : c’est une sage décision. Ce qui veut dire : ce n’est une impulsion bornée sur un coup de tête ; ce n’est pas non plus une manigance de l’intellect, coupée de toute réalité ; non c’est bien une décision éclairée, bien inspirée, tout à fait juste, en accord avec la situation. Tout se passe comme si celui qui l’a prise avait intuitivement trouvé la vérité, fait corps avec elle et l’avait suivie. C’est un peu comme s’il s’était l’espace d’un instant moment élevé à une vision plus large, englobante, et qu’il avait agi à partir de là. Si un être humain pouvait penser, parler, agir à partir de ce niveau de conscience, assurément il serait bien plus sage. Disons que le chercheur spirituel, naît précisément dans l’être humain quand il se découvre un intérêt tout particulier pour ce type de Connaissance. Une quête de sens qui ne se contentera pas de menu fretin, de bavardage, de débats de journalistes, de polémiques où le seul enjeu n’est plus que la grande bataille des raisons et des torts. Il y a des gens qui peuvent rester scotché des années durant à ce niveau, d’autres qui peu à peu s’en détachent, puis se rendent compte que tout cela s’apparente à de la fiction. Jusqu’au jour où cela ressemble à … des enfantillages.

    Mais les sceptiques ne seront pas de cet avis. Quelques-uns diront : cet intérêt « spirituel », c’est du « mystique » et du « religieux », cela n’a pas de rapport avec la philosophie. Faut-il distinguer, voire opposer philosophie et spiritualité ?  Ils ajouteront que la philosophie se borne à une étude de texte, elle est seulement critique ou spéculative, elle se sert des outils conceptuels ordinaires, sans le moindre recours à l’intuition, ni même le moindre projet de recevoir une quelconque intuition. Le professeur de philosophie ou le philosophe des médias manipule juste des concepts. Il s’intéresse au savoir, à la vérité, de manière théorique et abstraite, il n’a que faire de la sagesse. De sorte que la philosophie ne change pas sa vie d’un iota, qu’il peut être aussi fou que les autres et qu’il n’est un exemple pour personne. Celui-là sera même très fier de dire haut et fort qu’il n’est pas sage. Dans la lignée de des Grecs, le dernier initié spirituel était peut-être Pythagore, mais après sont venus les penseurs, les savants, au niveau le plus élémentaire, les intellectuels, curieux, mais pas inspirés du tout. Donc, il faut dévaler le « philosophe » vers « l’intellectuel » et nous aurons une idée juste de  la philosophie. D’ailleurs, il faudra un jour remiser le mot au placard des vieilleries de l’histoire et des reliques des musées, puisque la chose en question n’intéresse que quelques spécialistes qui se lisent entre eux et que le terme ne veut plus rien dire pour le public.

A. Sur la définition de la spiritualité

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Cette leçon figure dans une nouvelle édition
Chez Almora

 

 

  © Philosophie et spiritualité, 2017, Serge Carfantan,
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