Questions et réponses sur la leçon:
Esthétique de la musique


Rappel : les dossiers envoyés en pièces jointes sont plus complets que la leçon. Il y a beaucoup de documents annexes pour cette leçon.


Christine Lemasse  (envoi)
    L'harmonie est-elle une seule et même note chantée par tout le monde ? Ou est-ce une quantité de notes qui sont en accord vibratoire les unes avec les autres ? Lorsque vous prêtez attention à quelque chose, l'Univers lui répond. Lorsque deux d'entre vous lui prêtent attention, et qu'il n'y a pas de contradiction entre les deux, cela crée un puissant vortex. Voilà pourquoi une assemblée comme celle-ci peut accomplir beaucoup, car vous êtes réunis dans une harmonie de plus en plus grande et vos réflexions vont au-delà de ce qu'elles ont été jusqu'alors.
Abraham Hicks.


Jean-Marc Viallet
J’ai moi-même en jouant du piano et en essayant de jouer à la manière Jazz retrouvé intuitivement la gamme Blues sans l’avoir jamais apprise, incluant même des notes de passage très « Jazzy », ayant pour seul bagage une formation classique. Cela m’a permit d’aborder l’improvisation de manière très naturelle alors que cela demande un apprentissage assez ardu de façon académique. De la même manière, je n’aurais jamais composé de musique si j’avais continué une formation scolaire : la composition s’apprend en tout dernier niveau dans les conservatoires et même si j’avais été jusque là, le genre abordé aurait été très intellectuel. Je pense que la composition musicale pop est très révélatrice de cette sorte d’auto-apprentissage : Les meilleurs groupes sont souvent formés d’autodidactes complets. Mais posséder une formation de départ permet de maîtriser au minimum une technique plus ou moins ardue suivant les instruments: un bon parcours est alors une première plongée dans la formation académique suivie d’une pratique intuitive. Ce qui est vrai pour la musique peut être tout aussi valable dans de nombreux domaines… Tout se passe comme si nous pouvions nous connecter et puiser aux sources d’un savoir universel par notre seule intuition.

Maxime Berthet
Depuis quelques temps je cherche une réponse à une question assez subtile que vous avez traité dans votre site. Malheureusement j'ai eu assez de mal à comprendre et j'ai finis par m'embrouiller. J'aimerais savoir concrètement en quoi la musique de Mozart est incontestablement et pour tout le monde meilleure qu'une chanson de rené la taupe. Une bonne musique peut-elle être justifié d'un point de vue technique ? Ou la musique n'est qu'une préférence individuelle et ne se discute pas ?

R. Sur cette question, encore plus que sur d'autres, il faut reconnaître qu'il y a beaucoup d'ignorance et de confusion dans l'opinion et surtout oser la remise en question de ce que la plupart des gens croient. L'harmonie, comme nous l'avons montré, n'est absolument pas arbitraire et n'est pas "subjective" dans le sens des préférences individuelles (j'aime pas les épinards, j'aime les caramels mous). Il faut avoir le courage de dire la vérité et le relativisme subjectif n'est pas la vérité. Les grand musiciens, dont Mozart, comme Bach, ont un sens inné de l'harmonie et une maîtrise magnifique de la composition harmonique. Quand vous êtes vraiment ouvert, que vous vous abandonnez à l'écoute, vous ne pouvez pas échapper au charme de la musique de haute qualité. Ce n'est même pas un "choix" personnel, cela ne dépend pas de vous. Il y a des oeuvres non seulement parfaite d'un point de vue harmonique, mais en plus portée par un très d'une haute inspiration. Voyez chez Bach. Voyez le Requiem de Mozart. Il arrive que dans la musique dite "populaire", que la touche brillante donne son éclat. Un très beau passage d'une chanson ou une chanson entière. Voyez chez Jacques Brel, les albums de Cesaria Evora. Ce sont exactement les mêmes lois harmoniques qui sont en jeu. Objectivement il est incontestable qu'il y a de la différence entre une musique de haute qualité et un produit commercial très pauvre et répétitif. Cela se démontre partition sous les yeux. C'est implacable. L'harmonie est mathématique, qu'on le veuille ou non! Il y a des chanteurs qui ne savent même pas faire des transitions d'accord correctes à la guitare ou qui en oublie. Le résultat est forcément mauvais d'un point de vue musical.

Maxime Berthet
Pour beaucoup, une musique dites commerciale et par extension impersonnelle, c'est une musique qui est diffusé en masse par les radios ou la télé pour le business. Es-ce juste ? Peut-on dire objectivement qu'une musique est moins bien qu'une autre ?

R. Le problème n'est pas dans le personnel ou l'impersonnel en général. En fait, dans toute grande musique, le musicien est élevé au-delà de sa petite personne par la grandeur de ce qu'il fait advenir. Le problème n'est pas non plus dans la diffusion de masse, car on pourrait aussi diffuser en masse de la très bonne musique. Le problème tient à la médiocrité des production musicale actuelle. Trop de battement calqué sur le rythme cardiaque, faiblesse, voir disparition de la mélodie, très peu de construction harmonique. Une musique souvent dépourvue d'âme qui rejoint le bruit: de vient un "bruit ambiant" et ce n'est pas cela, la musique.

Maxime Berthet
D'autres rajouterons qu'une musique est vraiment appréciable que lorsqu'elle viens des tripes, mais il est impossible de prouver que tel ou tel artiste agis par passion et non dans un but commercial... ( sauf Mozart évidemment ) Quand je travail mes collègues aiment bien mettre la radio " pour se concentrer " et maintenant je comprend pourquoi je n'arrive pas à travailler correctement avec un fond musical surtout quand celui-ci m'est irritant, je ne supporte plus les "nouveau" hit qui passent en boucle à longueur de journée, que cela sois au boulot, dans les bars, les restaurants parfois. J'en viens à me dire qu'on nous impose de la mauvaise musique, mais es-ce que c'est vrai ? Je m’offusque quand j'entend toute ses musiques sans saveurs, purement superficiel, et pour le coup, manifestement commercial. Pourtant j'ai rencontré des personnes qui affirmais que certaines chansons que j'aime beaucoup sont commerciales. Merci d'avance ! Cordialement, Maxime.

R. Ce qui "sort des tripes" c'est le vital, le côté cathartique de la musique qui défoule certes, mais souvent au dépend de la qualité de la mélodie. Pas toujours. Le cas remarquable, c'est Jimmy Hendrix. Je dirai plutôt que la belle musique vient du coeur et qu'il y a différents degrés affectifs dans l'expression musicale. Je partage tout à fait votre réaction devant ce bruit ambiant. Il m'arrive de prendre mon baladeur uniquement pour ne pas entendre de la très mauvaise musique (en car par exemple)!
         L'épithète "commercial" est assez vague en fait. Il arrive qu'une très belle musique reçoive une très large diffusion et rencontre le succès. Tant mieux! La plupart des albums de Pink Floyd sont très bien composés d'un point de vue technique. Ils ont eu un succès commercial oui, mais il n'est pas fondé sur de simple campagne de pub pour vous faire acheter de force quelque chose qui va ensuite vous décevoir. Non. C'est vraiment de la musique de qualité. Cela s'écoute vraiment. Donc, quand on entend "commercial", il faut se demander sur quoi repose le succès. Matraquage de marketing? Ou vrai mérite musical?

Alexandre Meynier
        ll y a une multitude de genres, concepts et de langages musicaux : des musiques tantôt rythmiques, tantôt d'ambiance, avec une recherche sur les sons (acoustique, électronique), le timbre, la forme (Couplet-refrain, sonate, ABA ou AABA, cycliques, ...), beaucoup d'instruments et familles d'instruments, les mélodies, les accords, le contrepoint, la musique savante, musique populaire, musique commerciale, hymnes, standards, musiques du monde, metal extrême, musique analogique, électronique, échelle musicale, tempérament, tonalité, les micro-tons, la modalité, improvisation ...
         Il y a également plusieurs types de musiciens. Ceux qui vont se dévouer corps et âmes à leur art, d'autres qui vont entrer dans le star system, d'autres qui vont vouloir jouer le dimanche dans leur cave pour se faire plaisir, les interprètes, les compositeurs, arrangeurs, improvisateurs, ...
         Il y a aussi la multitude des rôles que la musique a pris dans les diverses civilisations et traditions du monde : être en communion avec l'absolu, représenter le "beau", le monde des esprits, la transe, les rituels, les fêtes, spectacles, média (avec un texte), art "engagé", identification à un groupe d'individus, à une mode, usage personnel (pour le plaisir, états de consciences modifiés ?), ...

R. De même que l'on pourrait tenter de classer les musiciens, on peut tenter de classer les mélomanes et il est très clair que les différences sont énormes. Grande diversité des usages de la musique, grande diversité de ses intérêts. C'est certainement dans la musique que les clans sont les plus tranchés, on ne voit pas cela en peinture, où un peintre trouvera toujours un intérêt à la plupart des productions graphiques. Ce qui est certain c'est qu'elle a un rôle très important dans la vie humaine. Concernant la musique sacrée, les musiciens traditionnels de l'Inde font une claire différence, pour eux la plupart des musiques occidentales que l'on écoute à la va-vite c'est "juste pour s'amuser", à côté, il y a la "véritable musique", celle qui ramène la conscience vers l'intérieur la fait transcender la conscience habituelle. La musique par essence est liée au Sacré et toutes les musiques transcendantes laissent une grande place au Silence. Les autres font ... souvent beaucoup de bruit!

         Aujourd'hui, la musique a un énorme caractère d'industrie, et la plupart des musiciens sont tout juste des artisans.
         De l'autre côté, les auditeurs ne semblent plus sensibles qu'à des musiques violentes ou stimulantes, ou alors à laquelle ils peuvent s'identifier parce qu'elle reflète un certain caractère, en dehors de morceaux couplet/refrain ils s'ennuient, n'aiment pas. La musique recouvre un caractère très fort d'appartenance à un cercle d'individus (le rap pour les gens de banlieues, musique classique pour les gens des hautes sphères de la société, ...)

R. Il est surprenant de remarquer qu'il y a des gens qui sont tout simplement incapable d'écouter et qui ne cherchent dans la musique qu'une forme de stimulant presque physique, quelque chose qui fait bouger les jambes et danser. Donc il suffit de leur servir un rythme de battement de coeur en basse, ce qui ait monter l'adrénaline. Et la mélodie, l'harmonie disparaissent, une musique sans âme qui se réduit à une compulsion rythmique. En fait inconsciemment, il y a une utilisation cathartique de la musique, elle sert à défaire des noeuds émotionnel, à faire hurler la souffrance. Maximum de pathos qui finit par tuer la musique dans un bruit de rage inécoutable.

        D'un autre côté, les artistes cherchant à s'approprier le langage musical en sont arrivés à des choses très étranges comme le sérialisme, des individus comme Schoenberg, Xenakis, Ligeti, Boulez qui ont un très grand succès et que beaucoup d'individus semblent réellement apprécier. D'où ma question sur l'universalité de la musique.
Pour ma part, cette musique n'arrive absolument pas à me toucher, et pire elle me met anxieux et mal à l'aise.

 R. Je dirai exactement la même chose! Mot pour mot. La musique faite par l'intellect pur, mais qui devient comme étrangère aux harmonies du coeur. Macérations intellectuelles. Très forte du point de vue du concept, mais peu sensible. C'est sur ce point que j'ai compris le génie de Leo Brower, un compositeur cubain. Il a de l'audace, mais il sait revenir dans la tonalité et ces constructions ne sont pas arbitraires, elle s'envole dans un inconnu qui n'est pas une abstraction vide. Voir la spirale éternelle, un morceau vraiment époustouflant. Une invitation étrange à une expérience.

  Idem pour le métal extrême ou le rap à quelques exceptions prêt.

  R. Je dirai exactement la même chose. Je ne peux plus rien écouter de ce genre depuis très longtemps du côté métal surtout. Le flirt avec le venimeux, le démoniaque et le nihilisme me sont très sensible. Ce que je comprends mal c'est que les gens ne le sentent pas. Je ne crois plus dans la catharsis dans ce registre. Elle était présente au début, mais on a penché très vite de ce côté.

      On m'avait raconté qu'un flûtiste, Gheorge Zamfir prétendait que la musique sérielle était mauvaise pour la santé. Je ne sais pas sur quoi il se base pour l'affirmer, si il l'a réellement affirmé, car je n'ai jamais rien trouvé à ce sujet.
Je sais que le tempo a une influence sur la conscience et que les battements binauraux et les sons isochrones, enfin je n'en sais pas beaucoup plus, cela ne fait pas longtemps que je m'y intéresse. Je pense que la hauteur du son et les mélodies ont un rôle aussi.

        Tous ces constats soulèvent donc toutes les questions que j'ai pu vous poser dans mon précédent message.
            J'ai bien l'impression que beaucoup de choses m'échappent.

R. Il ne fait pas s'aventurer en vérité sur le terrain de l'appréciation musicale, mais il y a un test imparable qui a bien du sens, c'est celui de l'effet de la musique sur les plantes et les animaux. Voir l'effet Blackster dans un des cours. Il n'y a rien de surprenant à ce que les plantes n'aiment pas le hard rock et apprécient Mozart!

            Dans votre cours, vous parlez de musique des sphères, qu'est-ce que selon vous cela représente, la musique que font les astres ? La musique n'est pas un concept proprement humain et intentionnel ?

R. C'est une question très complexe et qui en appelle à la relation entre traditions spirituelles et musique sacrée. En Grèce par exemple. En Inde la musique est dite émanation des Gandharvas, les anges. Il existe une relation subtile entre le son et la forme. La création est tout entière une modulation entrelacée à partir du son primordial, OM. Dans les niveaux de conscience supérieur à l'humain, il est dit que l'âme a accès à la musique céleste qui structure toute la création. Il est dit que celui saurait émettre le son d'une chose pourrait aussi la manifester, car tout objet est vibratoire.

                D'autres questions sont survenues en lisant vos cours et en réfléchissant, par exemple, avec les inégalités entre chaque humain, les inégalités dans les métiers, comment les humains peuvent-ils savoir ce qu'ils veulent faire, ce pour quoi ils sont fait.
La pensée discursive est-elle indispensable en musique, sans raisonner le musicien pourrait-il devenir bon ?
Qu'est-ce que la compréhension, est-elle de la raison ou sensible, est-il indispensable de comprendre pour être un bon musicien ?

R. Cette question me travaille aussi. Notre éducation occidentale est hyper analytique, mais l'analyse tue ce sur quoi elle porte. Amiel a dit des choses très justes à ce sujet. Il est vital de préserver la sensibilité. Quand on décortique un poème on finit par tuer sa saveur. Quand on ne fait qu'analyser et analyser la musique, le risque c'est qu'on finisse par ne plus l'écouter. La fraîcheur de l'écoute est tellement importante. Cependant, il est indéniable que c'est un vrai plaisir de pouvoir (en plus) comprendre ce que l'on écoute. Si cela ne fait qu'ajouter à la joie musicale, c'est parfait!

 

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Avec la participation de Jean-Marc Viallet.

 


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