Questions et réponses sur la leçon :
Cinq corps


      Sur le sujet il existe des commentaires incontournables: Avalon Arthur, La Puissance du Serpent, parce qu'il en a été beaucoup été question dans la leçon précédente (le début du livre parle des koshas). Mais lire les Upanishads. En particulier la la Taittiriya. Il existe beaucoup de livres sur le sujet, plus ou moins sérieux, voir les écrits de Sivananda et de Muktananda. La lecture de l'Autobiographie d'un Yogi est un grand moment de plaisir. Un des livres spirituels les appréciés dans le monde.


Patrick Cresson
Je viens de terminer la lecture du livre La clef de la réalisation de soi  de SRI SIddharameshawar Maharaj (Deux Océans). J’ai été impressionné par sa description du corps causal. Je vous propose : 1/ une petite note sur ce thème, vous allez me dire ce que vous en pensez. 2/ un passage du livre que je ne comprend pas très bien (en gras) et sur lequel j’aurais bien avoir votre éclairage.
     1/ Dans ce livre (p 40&41, 47-52) SRI SIddharameshawar Maharaj distingue 4 corps ; physique, subtil, causal et supra-causal, équivalent à l’état de veille, de rêve, de sommeil profond et à un au-delà qualifié d’état inconditionné ou Turîya. Par la voie négative (analogue à l’apophase en occident) le vedantin recherche le ‘je’ à travers les quatre corps. Au terme d’une auto-investigation, il comprend que le ‘je’ egoïque est le résultat de l’ignorance, c'est-à-dire l’identification aux deux premiers corps. Et que le ‘Je’ véritable correspond au Soi. Mais SRI SIddharameshawar Maharaj préconise de se stabiliser un certain temps au niveau du coprs causal.
Qu'est-ce que le corps causal ?
      Pour bien comprendre la nature du corps causal il faut la mettre en rapport avec le sommeil profond. Il y a un rapport étroit entre ces deux états. Elles se complètent et éclairent la nature complexe du corps causal. Le sommeil profond est un état comparable à une nuit obscure de l’extinction. L’extinction étant celle du sujet qui cesse de se différencier de l'objet par absorption en lui. La nuit quand la mémoire est au repos, tout s'efface. La fonction de rappel est momentanément stoppée, les sens ne peuvent plus être stimulés. Le sujet cesse de se différencier d’avec un objet quelconque. Le ‘je’ est résorbé en sa source. Oubli total du monde, plus de conscience intentionnelle. Le sens du je-moi n'est plus présent. La liberté est recouvrée, la distance vis-à-vis de nos déterminismes psychosomatiques (niveau 1&2).
       Mais le sommeil profond est caractérisé par un voile obscur qui recouvre la lumière de l'être. Dans le sommeil profond notre véritable nature brille par sa dimension de félicité et de paix profonde. Mais cette dimension n’est pas reconnue pour elle-même, mais ressentie seulement comme béatitude au moment du réveil. Le corps causal peut-être assimilé à un état intermédiaire entre la veille, la conscience de l'état de veille et le sommeil profond. Quand Nisargadatta Maharaj dit qu'il faut rester à la lisière du sommeil profond et de la veille il fait surement référence au corps causal, ce sentiment intermédiaire au moment du réveil. Mais, pour le jnânin, le corps causal est encore un mode de connaissance, parce que le jnânin expérimente toute chose en mode ‘objectif’, à ce degré, on a dépassé, mais seulement en mode virtuel, la distinction du sujet et de l'objet, laquelle n'est vraiment dépassée, et intégrée, que dans Turîya, ou état inconditionné.
       Ce troisième stade peut-être obtenu méthodiquement par le retrait de l’esprit hors du monde et des formes. Ce retrait peut produire un certain vide, un rien : ni visions, ni sentiments, ni états spirituels. Ces ténèbres du dépouillement (Tamas Guna) sont un état de vide tranquille, sobre et très pur. Or, que peut faire le jnânin de plus lorsqu’il est dans cet état de dépouillement ? Intellectuellement, rien, étant donné qu’il est déjà dans un état de complet dépouillement. Reste alors la reconnaissance de son propre néant, qui actualise la vérité de son être, la pure identité au Soi.
2/ « …S’il y a quelque chose de difficile, c’est bien de se stabiliser dans cet état de ‘’vide’’, ‘’d’oubli total’’, le disciple devra faire un grand effort pour y parvenir. Dans l’intervalle entre deux états, il n’y a rien d’autre que la ‘’conscience pure’’…. Le disciple qui est sur le point d’accéder à la troisième étape après avoir franchi la première et la deuxième a toujours l’impression que c’est un état de pur vide, bien qu’on lui ai dit que c’est l’état de la pure conscience. Prenant ce « vide » pour le Brahman, il est incapable d’en être le témoin, mais s’il se dirige vers la quatrième étape et se retourne pour voir la troisième, il ne verra rien. Il se demandera comment son maître a pu le guider vers une étape qui n’existe pas. En fait, lorsque la pure conscience est connue, il ne peut avoir trace de ce qu’on appelle ignorance. On ne peut comprendre ce qu’est l’état d’oubli total, car là, aucune modification n’apparaît dans le mental, sauf celle de la pure conscience. ////.
         La conscience ou connaissance se présente au disciple de deux manières. La première survient lorsque un objet se présente à la conscience, c’est la conscience objective. Dans le deuxième cas, il ne se présente aucun objet objet à la conscience il s’agit alors de la ‘’pure conscience’’. Ce sont le deux modifications mentales qui se présentent au disciple et de son point de vue, le mot ‘’ignorance’’ ou ‘’vide’’ n’a pas de sens. L’oubli total ne peut exister pour lui car tout ce qui est, est conscience, qui peut être avec ou sans objet. Présenter l’état du corps causal comme étant ignorance, vide, état d’oubli total d’où on ne peut rien prendre, est le fait de la conscience pure….Le disciple doit avoir une grande foi en son maître et accepter totalement qu’il y a un état de pur oubli, il doit poursuivre sa pratique sans relâche et apprendre à oublier toute chose. …C’est pour cette raison que le maître dit à son disciple : « Cher disciple, tu n’es ni le corps physique ni le corps subtil, identifie-toi au corps causal » p 48-49 essentiellement.

R. Il y a deux questions. Le corps causal est l'être psychique, dans le langage d'Aurobindo, l'âme au sens de l'intériorité pure. La difficulté majeure de la compréhension est que nous avons à ce sujet, est notre tendance à représenter l'âme comme notre ego dont nous voudrions la continuation perpétuelle inchangée, ce qui est erroné. L'âme est une entité, mais qui n'est ni l'ego ni un objet séparé tel que le corps. Un champ d'énergie, d'intelligence et de mémoire serait plus indiqué. Il est plus sage de garder le silence sur la nature de l'âme, car l'entendement ordinaire n'y a pas accès. Ici il n'y a plus de limites formelle au sens habituel, mais une mémoire immense qui enveloppe toute l'expérience et un sens absolu de l'identité "je suis" sans définition possible. La mémoire de toutes les incarnations est là. Un peu comme si vous regardiez une vague rouler sur l'Océan et qu'au lieu de prendre en compte la limite (le corps) vous regardiez en amont d'où elle s'élève en constatant qu'en fait elle n'en n'est pas séparable et qu'elle n'a plus de limites dans l'Océan.

La seconde question sur le quatrième état. Vous remarquez que l'approche védique reconnaît parfaitement la Vacuité que l'on associe souvent au Bouddhisme. Elle est consubstantielle à turiya. La pure conscience est sans forme et se trouve sous-jacente à toutes les formes et tous les états. Elle n'est pas un objet, Il n'existe d'objet que dans les états relatifs et tout particulièrement dans le monde 3D de l'état de veille. Le mot "néant" est gênant, car il s'agit d'une Vacuité surabondante d'elle-même dans son potentiel créatif prêt à s'épancher en Manifestation. Impensable car unissant le dynamisme infini et une nature insécable qui cohère en Soi et sous-tend toute existence. Le yoga dit à la fois de turiya un dynamisme infini et un état solide comme le cristal insécable. C'est difficile à penser mais est expérimenté directement dans samadhi. D'où cet immobilité de l'enstase chez une mystique comme Ma Ananda Moyi qui entrait spontanément en samadhi, mais qui disposait d'une énergie étonnante une fois revenue dans l'état de veille. Dans les états supérieurs de conscience le quatrième état est vécu en même temps que les trois autres état et jamais perdu. D'où le rêve conscience et le sommeil conscient, d'où une lucidité relevée dans la veille. Le Témoin, sakshin est là maintenu en permanence. On parle alors de réalisation du Soi. C'est extrêmement concret est pas du tout "spéculatif".

 

 

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