Dialogues et commentaires sur la leçon :
Le langage et la pensée


Antoine de Saint Exupéry

"Mais moi qui sais que le langage désigne mais ne saisit point et que les discours montrent la démarche de la pensée mais ne la contredisent ni ne l'étayent, je riais d'eux".

Citadelle, p. 216.

 

Blanche Konrad
Q. Pour se comprendre, il faut bien qu'il y ait un langage.

R. Comment faire quand deux personnes se rencontrent et n'ont pas de langage commun? Peut-il y avoir une compréhension non-verbale qui aille de la pensée de l'un à la pensée de l'autre? C'est ce que renie nettement l'intellectualisme, disant que la pensée doit se mouler dans des mots.

Alice Verland,
Q. Après tout l'enfant pense et comprend avant d'acquérir le langage non? 

R. Mais vit au milieu d'adulte qui parle et sa pensée ne sera manifeste que lorsqu'il aura acquis le langage. 

Naïs Erensperger
Q. La télépathie serait une solution!

R. S'il existe une transmission de pensée directe sans passer par les mots, alors cela sabote effectivement les efforts de l'intellectualisme! La linguistique nous a appris que la pensée et le langage étaient strictement indissociables. Cela ne veut pas dire qu'ils soient identiques cependant.

Lisa Guerrero
Q. Je trouve difficile d'adhérer à cette thèse disant que la pomme et la liberté sont des idées abstraites.

R. Est-ce que vous pensez que les mots renvoient à un réalité concrète comme le nom de famille appelle une personne? Le nom propre est un cas particulier. Les noms communs sont eux des concepts. Pomme est une catégorie, une classe, un concept. C'est aussi abstrait que "liberté" en fait. Par contre, si la difficulté c'est de penser que le mot revoie à une essence belle et bien réelle à sa manière, le problème devient très très différent.

Severine Egré
Q. Si nous avons des difficultés à apprendre les langues étrangères, c'est que l'éducation nationale ne nous plonge pas dans la langue, mais nous l'inculque de façon fragmentaire!

R. Il y a de la pertinence dans ce jugement. si la langue fonctionne de façon globale, on ne peut l'apprendre que de façon globale, donc baigner dedans.

Nolwen Le Serrec
Q. Cette idée que la langue gouverne la façon de pensée est dérangeante.

R. Parce qu'elle est vraie? Ou parce que l'analyse proposée par la linguistique est insuffisante?

Hélène Joie
Q. Le langage sert à transcrire la pensée, le langage ne nous conditionne pas.

Coralie Larché
Q. En disant transcrire vous supposez une pensée élaborée avant le langage. Le fait de parler une langue c'est tout de même s'exprimer dans un système qui serait différent si c'était une autre langue non?

Elise Infray
Q. La pensée et le langage sont tout de même différents.

R. Ce n'est pas la même chose, mais ce qui est subtil  cerner c'est l'interaction entre les deux.

Max Arbieu
Q. Le langage du corps n'est-il pas plus fort que le langage oral dans le sens où le langage du corps est plus naturel?

R. Parler en terme de "fort" ou "faible" est toujours assez vague. Le corps, c'est vrai exprime et exprime d'une manière plus riche et éloquente que nous le pensons communément. Il est le rayonnement concret, charnel de l'âme. Seulement, il n'est pas compris clairement, il ne parle pas dans le langage du concept. Aussi interprétons-nous ce qu'il a à nous dire, parce que nous ne lisons pas dans les attitudes, les regard, la posture le sens. Nous le devinons, nous le reconstruisons. Entre le visage d'autrui et nous, il y a les constructions mentales. Il faut une singulière pénétration psychologique pour écouter le corps. Pour écouter la présence charnelle d'autrui. Pour écouter son propre corps. Même quand le corps crie sa souffrance dans l'anorexie, dans la maladie, nous ne comprenons rien. Et pourtant. Si je savais écouter. Si j'étais disponible. Je sentirais dans mon corps les noeuds de tensions qui sont aussi dans mon esprit. Je sentirais ce qui vit dans le coeur d'un autre à travers un pli qui barre le front, un regard toujours évasif et perdu.

Pilar Pinaroa
Dans cette leçon, dans le cadre de l´opposition pensée/langage, il me semble que tous les exemples se rapportent au langage verbal. Quand je réfléchis à un problème,je me parle. Ce que je me dis est clair dans ma conscience. Je ne vocalise pas, je ne me communique qu´avec moi-même, mais je me parle avec les mots du langage vocal. Comment qualifier ce langage ?

R. Il est vivement conseillé de lire la leçon Intelligence et pensée non-verbale qui opère une sévère remise en question de la position qui consiste à croire que nous verbalisons toujours. Ce n'est pas certain. La pensée est bien plus rapide que la verbalisation d'aillieurs.

 

 Avec la participation de : Blanche Konrad, alice Verland, Severine Egré, Nolwen Le Serrec, Hélène Joie, Elise Infray, Max Arbieu, Coralie Larché, Naïs Erensperger, Lisa Guerrero.


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