Textes philosophiques

Descartes  il n'y a pas d'existence séparée : l'intérêt du tout


      "Il y a une vérité dont la connaissance me semble fort utile : qui est que, bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres, et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus particulièrement encore l'une des parties de cette terre, l'une des parties de cet État, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrétion, car on aurait tort de s'exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu'on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n'aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au lieu qu'en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d'exposer sa vie pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en présente ; voire on voudrait perdre son âme, s'il se pouvait, pour sauver les autres".

 Lettre à Elisabeth.

Indications de lecture:

    Le texte de cette lettre termine le livre de Pierre Thuillier La Grande Implosion. Voir la leçon La déconstruction du monde!  le commentaire final.
Texte donné en sujet du bac en TL en 2013. Sauf la fin, à partir de " ; voire..." On trouve chez Nietzsche une comparaison: l'homme est tel un arbre qui plonge ses racine dans la terre dont il ne peut être séparé. La vie forme une unité insécable, si en tant que petite personne j'entretient la fiction égotique de mon existence séparée, dès que je vois la vérité, je surmonte cette illusion de la personne séparée, je vois avec clarté que seule l'unité existe, il n'existe pas d'entité séparée. il y a juste la croyance égotique liée à l'égocentrisme.  Je suis pris dans le tissus de l'univers, je suis citoyen de la terre, citoyen d'un État, membre d'une famille. Nul homme n'est une île. D'un point de vue moral il s'ensuit que l'intérêt du tout vaut toujours plus que mon intérêt particulier. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il faille sacrifier son bonheur si le bien offert est faible pour les souffrances qu'il peut coûter. Cependant, en général, explique Descartes, l'égocentrisme fait que nous ne pouvons avoir aucun sens de l'amitié, de la vertu. Tandis qu'en se voyant soi-même comme partie d'un tout plus élevé, on est bien plus disposé à la moralité. Jusqu'au don de soi.

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