Textes philosophiques

Jean Klein    la joie sans objet


    "Trompé par la satisfaction que nous procurent les objets, nous constatons qu'ils provoquent satiété et même indifférence, ils nous comblent un moment, nous amènent à la non-carence, nous renvoient à nous-même, puis nous lassent; ils ont perdu leur magie évocatrice. La plénitude que nous avons éprouvé ne se trouve donc pas ne eux, c'est en nous qu'elle demeure; pendant un instant, l'objet a la faculté de la susciter et nous concluons à tort qu'il fut l'artisan de cette paix. L'erreur consiste à considérer ce dernier comme une condition sine qua non de cette plénitude.

     Dans ces périodes de joie, celle-ci existe en elle-même, rien d'autre n'est là. Par suite, en se référant à cette félicité, nous lui surimposons un objet qui selon nous en fut l'occasion. Nous objectivons donc la joie.  Si nous constatons que cette perspective dans laquelle nous nous sommes engagés ne peut apporter qu'on bonheur éphémère, qu'elle est incapable de nous procurer cette paix durable qui est située en nous-même, nous comprenons enfin qu'au moment où nous parvenons à cet équilibre, nul objet ne l'a provoqué, l'ultime contentement, joie ineffable, inaltérable, sans motif est toujours présent en nous, il nous était seulement voilé".

La Joie sans Objet, Mercure de France, p. 15.

Indications de lecture:

Voir la leçon La Joie sans condition.

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