Textes philosophiques

Nisargadatta Maharaj    La preuve de l'ultime Réalité


     « Q: Comment pouvons-nous savoir que ce que vous nous dites est vrai? Bien que cela forme un tout et que cela soit libre de contradiction internes, comment pouvons-nous être assurés que ce n'est pas le produit d'une imagination fertile, nourrie et enrichie par de constantes répétitions?

    M. La preuve de la vérité réside dans ses effets sur l'auditeur.

    Q. Les mots peuvent avoir un effet des plus puissants. On peut, en entendant ou en répétant des mots, expérimenter des formes variées d'extase. Les expériences de l'auditeurs peuvent être induites et elles ne peuvent être considérées comme une preuve.

   M. L'effet n'est pas nécessairement une expérience. Il peut être une transformation du caractère, des motivations, un changement dans ses relations à autrui et à soi-même. Les extases et les visions provoquées par les mots et les drogues, ou tout autre moyen sensoriel ou mental, ne sont que transitoires et peu concluantes. La vérité de ce qui est dit ici est immuable et éternelle. Et la preuve s'en trouve chez l'auditeur dans le changement profond et permanent que subit son être tout entier. Ce n'est pas une chose dont il puisse douter, à moins de mettre en doute sa propre existence, ce qui est impensable. Quelle meilleure preuve en voulez-vous quand mon expérience devient votre propre expérience?

    Q. Celui qui expérimente serait la preuve de son expérience?

    M. Parfaitement, mais celui qui expérimente n'a pas besoin de preuve. "Je suis et je sais que je suis". Vous ne pouvez pas demander de preuves supplémentaires.

    Q. Peut-on avoir une connaissance véritable des choses?

    M. Dans le domaine du relatif, oui. Dans l'absolu, il n'y a pas de choses. Savoir que rien n'est est la vraie connaissance.

    Q. Quel est le lien entre le relatif et l'absolu?

    M. Ils sont identiques.

    Q. De quel point de vue sont-ils identiques?

    M. Quand les mots ont été dits, il y a le silence. Quand le relatif est dépassé, il reste l'absolu. Le silence qui s'installe quand les mots ont été prononcés, est-il différent du silence qui existant avant qu'ils ne le soient? Le silence est un, et sans lui, nous n'aurions pu entendre les mots. Il est toujours présent - derrière les mots. Portez votre attention sur le silence en place des mots et vous l'entendrez. Le mental a soif d'expériences dont il prend le souvenir pour la connaissance. Le gnani est au-delà de toute expérience et sa mémoire est vide de passé. Il n'est absolument pas lié à quoi que ce soit. Mais le mental veut des formulations et des définitions, il est toujours avide de réduire la réalité à une forme verbale. Il veut une idée de toute chose parce que, sans idées, il n'existe pas. La réalité est seule par essence, mais le mental ne veut pas la laisser seule et s'occupe, à la place, du non-réel. Et c'est, cependant, tout ce que peut faire le mental - découvrir le non-réel comme tel.

    Q. Et le réel comme tel?

    M. Il n'y a pas d'état tel que la vision du réel. Qui est pour voir quoi? Vous ne pouvez qu'être réel -ce que de toute façon vous êtes. Le problème n'est que mental. Abandonnez toutes les idées fausses, c'est tout. Vous n'avez pas besoin d'idées justes, il n'y en a pas.

    Q. Alors pourquoi nous encourage-t-on à chercher le réel?

    M. Il faut que le mental ait un but. Pour l'encourager à se libérer du non-réel, on lui promet quelque chose en retour. En réalité, il n'y a pas besoin de but. Etre libéré du faux est bon en soi, la récompense n'est pas nécessaire. C'est comme d'être propre -ce qui est en soi sa propre récompense".

  Je suis, entretiens avec Maurice Frydman, trad. française, s. Josquin, éd. Les Deux océans, p. 377-379.

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