Textes philosophiques

Ken Wilber     le triomphe de Galilée, de Kepler et Newton


         (cf Galilée) "Les scientifiques commencèrent dès lors à imposer le silence aux théologiens et aux philosophes (Dieu n'est pas une proposition vérifiable mais le fondement de toute proposition, donc Dieu ne peut être soumis à l'épreuve scientifique). Le test existait désormais, et les philosophes, les religieux, les théologies, les mystiques et les poètes succombèrent par milliers. En fait, ils auraient dû refuser de s'y soumettre - ils auraient dû s'apercevoir que les valeurs transcendantes ne sont pas des faits empiriques révélés par l'oeil de chair, mais des intuitions contemplatives et non-verbales révélées par la lumen superius dans les tréfonds du Coeur. Au lieu de cela, ils entreprirent de longues retraites honteuses, s'efforçant d'imaginer des moyens de prouver que Dieu était un objet à la manière d'une pierre, ou une proposition comparable à F = ma. Les travaux de Galilée et de Kepler culminèrent dans les Principia de Newton, qui à ce jour représentent, à bien des égards, le summum de la méthode empirico-scientifique. Les Principia abondent en « faits obstinés et irréductibles », et en lois logiques conformes à ces faits. Ce fut une réussite majeure pour l'oeil de chair. L'influence de Newton sur la philosophie fut bien entendu immense. Les philosophes lui firent même bon accueil. Compte tenu des années désastreuses de rationalisme débridé et de contemplation inutilisée, les philosophes s'empressèrent de faire allégeance à l'oeil de chair et à son principal représentant, Newton. Kant lui-même, en dépit de tout son génie, succomba à cette religion newtonienne. Il est bien connu que Kant aurait souhaité être physicien, n'eût-il été philosophe, et sa philosophie critique, dont la réussite consista à délimiter la sphère de la raison pure, est par ailleurs entachée par son « physicalisme ». Ainsi que Gilson l'a si justement dit : « Kant ne passa pas des mathématiques à la philosophie, mais des mathématiques à la physique. » Kant lui-même conclut que « La vraie méthode en métaphysique est fondamentalement identique à celle que Newton a introduite dans la science naturelle, et qui a produit des résultats fort intéressants dans ce domaine. » ... Gilson conclut quant à lui que : « La Critique de la raison pure de Kant est une description magistrale de ce que devrait être la structure de l'esprit (mental) humain, pour justifier l'existence d'une conception newtonienne de la Nature. »"

Les trois yeux de la connaissance, p.63-64.

Indications de lecture:

voir la leçon Les trois yeux de la connaissance.

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