Textes philosophiques

Jean Ziegler    limites des États


     Lors de l'Assemblée générale de l'ONU à Paris, le 10 décembre 1948, qui accepta la Déclaration universelle des droits de l'homme, 64 nations seulement, on l'a dit, étaient représentées. La deuxième limite tient à une contradiction qui habite l'ONU depuis sa création : sa légitimité réside dans la libre adhésion des nations aux principes de la Charte, adhésion exprimée par le préambule. Celui-ci dit : « Nous, les peuples des nations unies... » Mais l'organisation elle-même est une organisation d'États, non de nations. Son exécutif est le Conseil de sécurité qui compte (aujourd'hui) 15 États. L'Assemblée générale composée (aujourd'hui) de 193 États constitue son parlement. Le Conseil économique et social surveille les organisations spécialisées (FAO, OMS, OIT, OMM, etc.). Il est composé d'ambassadeurs et d'ambassadrices, autrement dit de représentants des États. Chargé du contrôle de l'application de la Déclaration universelle des droits de l'homme par les États membres, le Conseil des droits de l'homme réunit 47 États, Or, on le sait bien, les convictions morales, l'enthousiasme, l'esprit de justice et de solidarité n'est pas le propre de l'État. Sa motivation première : la raison du même nom. Ces limites continuent aujourd'hui à produire leurs effets.

Destruction massive, Paris, Seuil, 2011, p.142.

Indications de lecture:

Voir la leçon Un monde en crise. Sur la raison d'État voir Le pouvoir et les pouvoirs, part C. Sur la critique de l'État voir De la société à l'État, part C.

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