Questions et réponses sur la leçon:

L'essence de la beauté


Rappel : les dossiers envoyés en pièces jointes sont plus complets que la leçon. Il y a beaucoup de documents annexes pour cette leçon.


Christian Thys
Je trouve que votre exposé ne tient pas assez compte...
     1. de la distance entre l'homme et la nature. Entre les deux, il y a continuité et rupture. L'art est de l'ordre du signe, de ses possibilités et des ses choix, d'une rupture, non d'un système naturel qui poursuit une fin, sa propre continuité aveugle. Vous supposez toujours une projection de l'homme sur la nature, un dessin intelligent. Votre exposé reste très onto-théologique.
    2. L'art contemporain peut recevoir son intelligibilité de la lecture de Nietzsche plus que de Platon. Invoquer les philosophes classiques, c'est négliger les conditions matérielles, économiques et sociales de la production artistique. le statut de l'artiste change évidemment avec le temps. Ce statut est peu pris en compte par les philosophes classiques. Et pour cause... Or, nous voyons le passé avec les yeux du présent.

Abdelaziz Benaissa
l'art est réellement relatif car chacun conçoit la baute à sa façon selon les influences culturelles , historiques et social et traditionnel , si on prend par exemple l'avis d'un européen , et d'un africain sur les critères d'une femme belle , nous serons peut être devant des contradictions si l'africain choisit la plus brune , l'européen va aimer celle un peu pale , maigre , si on veut dire la plus fine etc,  et même les critères de beauté se différent d'une époque à autre et d'une civilisation à autre , Cléopâtre était considéré l'unique femme qui se dispose d'une beauté fatale , selon des critères précises , et ainsi de suite.

Sylvie Manatobe
Pourquoi la beauté physique est t-elle un épanouissement personnel ?

R: voir plus bas.

Ramzi Tounsi
Ma fréquentation des métiers de la "manipulation" de l'apparence m'ont amené à une interrogation sur ce que représente ce goût moderne pour un visage et une silhouette normées. En m'entretenant avec les futurs patients de la clinique de chirurgie esthétique ( le site ici) dans laquelle je travaille, j'ai compris que parfois derrière la demande personnelle, il y avait beaucoup de pression sociale, venant de la famille, des proches et des médias. Comment la philosophie de l'art et la philosophie de l'homme pense t-elle cette nouvelle ( ?) relation à son corps totalement défini comme un objet perfectible qui doit apporter un succès ?

      R. Votre question déborde l'esthétique car effectivement elle est psychologique, si nous voulons être précis, parlons de l'image du moi. En parcourant le site, vous pourrez remarquer qu'elle est souvent abordée. Il est un fait que l'on pratique aujourd'hui trop de compartimentation et qu'il faut relier ici la structure de l'ego et l'idée de beauté.

            Pour faire court, disons que le fait de s'identifier à l'ego propulse le sujet dans le monde des formes et des apparences. Pour exister l'ego a besoin de réassurer la forme qu'il croit être sienne, c'est à dire son image, or il est évident que pour la plupart des gens,  la croyance fondamentale qui nourrit l'image du moi c'est moi=mon corps. L'identification à l'apparence est une composante majeure très très fréquente de l'ego, surtout chez les femmes. En effet la volonté de puissance féminine s'exerce souvent par la séduction, ce qui implique une composante sexuelle. Andrew Cohen dit quelque part qu'il a été très surpris de découvrir que l'ego chez les femmes est bien plus sexualisé que chez les hommes, alors que l'on s'attendrait au contraire. Ensuite, la logique est très simple en fait, si je crois que moi=mon corps, il faut que mon apparence soit belle, forte, séduisante, car alors je me sens d'avantage "moi" quand je peux sentir une reconnaissance, une supériorité, ma puissance sur un autre. Si mon corps se dégrade, je me sens diminué, parce que l'image du moi en prend un coup. Angoisse. Malaise.

     Il vaut mieux éviter de parler de "pression sociale"  et aller à la racine qui est l'identification. La pression sociale repose sur une illusion collective dont le foyer central est l'illusion de l'ego dans l'identification à l'apparence. Si vous avez profondément compris que "je" ne suis pas mon corps (voir la leçon l'esprit, l'âme et le corps), vous n'avez plus de relation à l'apparence que purement fonctionnelle, dans le soin que vous devez au corps et cela s'arrête là. Point. Plus de complexes, plus de faire valoir nécessaire de l'apparence, plus de vexation, plus de honte dans le regard des autres etc. En fait plus toute cette structure mentale névrotique qui pousse les gens vers la chirurgie esthétique. Non pas qu'il n'y ait pas des cas où cela soit réellement utile, c'est vrai, mais disons que le plus souvent c'est au niveau subconscient: "je veux améliorer mon moi, le renforcer pour me sentir plus moi-même". C'est exactement le même processus chez quelqu'un qui met son identification dans le pouvoir, dans l'argent etc. Renforcer mon moi. Ce qui est une source incroyable de souffrance et de conflits chez l'être humain.

           L'incidence dans l'esthétique joue évidemment sur l'esthétique de la beauté du corps féminin et masculin dans la relation au désir et surtout au désir de reconnaissance. Comme la reconnaissance est sociale, on passe très vite de là au relativisme culturel. Bien sûr la beauté excède de très loin la seule beauté du corps et la prise en compte de critères liés à l'ego dénature complètement l'idée de beauté. Quand on parle de beauté en classe de terminale, on voit immédiatement le terrible piège de l'identification chez les filles. Elle se redressent et prennent la pose avec l'idée que tout le monde doit les regarder! Il faut faire du chemin pour dépasser l'apparence!

        Une dernière remarque : comme vous pouvez le comprendre, faire de l'esthétique en ignorant la dimension de la conscience, c'est rêver les yeux ouverts. Cependant, cela ne veut pas dire que toute esthétique soit une esthétique de l'ego!

Joseph Essa
    
Si l'on suit la théorie de l'harmonie, on comprends que l'art serait soumis à des contraintes mathématiques. Or à la réflexion, il est tout aussi pertinent de considérer le chemin inverse. La théorie mathématique c'est à priori très méconnu et, selon moi, bien plus qu'une science comme une autre au-delà des applications. Le côté capacité intellectuelle ou bien les règles primaires de base enseignées parfois à l'école, c'est juste le côté technique qui se travaille ; car en réalité, c'est l'inspiration qui compte. Oui, c'est l'intuition et l'imagination qui sont véritablement nécessaires. Et c'est aussi ce qui justifie légitimement, toujours selon moi, la considération des mathématiques théoriques (pléonasme qui a le mérite de lever les ambiguïtés courantes) comme étant aussi de l'art.

 

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Avec la participation de  Christian Thys, Abdelaziz Benaissa, Sylvie Manatobe, Damien Battiston, Ramzi Tounsi.


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