En 1968, la Fondation Krishnamurti Trust acheta Brockwood Park , un immense parc boisé de 250 hectares en pleine campagne dans le sud d’Angleterre.   C’est un lieu exceptionnel, car le sud de l’Angleterre est  surpeuplé, et ce parc est vraiment un oasis de calme, tout en étant très accessible par l’autoroute, le train ou l’avion.  K. voulait créer une école en Europe qui proposerait un enseignement qui respecterait chaque individu en tant qu’ être humain dans sa globalité et qui ne le considérerait pas comme un robot qui doit réussir des concours.

 A partir de cette année 1968, K vint tous les ans sans faute pour prononcer des discours  et dialoguer avec les professeurs et les élèves de l’école.  Jusqu'à sa mort, il habita ici quand il venait en Angleterre. Son rêve était de créer un Centre pour l’étude et la réflexion sur  ses propos, et le Centre a ouvert ses portes en 1987, tout juste  un an après sa mort.

 En fait, ce centre fut le dernier grand projet de K. avant sa mort.  Il voulait créer un lieu de calme où ceux qui s’intéressaient à son enseignement pourraient venir étudier ses livres, ses cassettes et partager un moment avec d’autres personnes intéressées par ses idées.

 K fut très impliqué dans la conception du Centre et dans le choix de l’architecte : il rejeta un premier projet pour finalement opter pour l’architecte Keith Critchlow.  Le bâtiment a la forme d’une personne assise en tailleur : les « jambes » de la personne correspondent aux deux ailes de logement : 19 chambres single avec douche, WC, simplement peintes en blanc, mais d’un confort exemplaire. Le « corps » de la personne correspond aux salles communes : salle à manger, salons, bibliothèque, cuisine, bureaux etc. 

 Mais le lieu le plus important, le « cœur » du bâtiment, c’est la « Quiet Room » : la Salle Tranquille – un lieu calme, accueillant et chaleureux, où l’on se rend pour être au calme, avec soi-même.  Cependant, K demanda que ce ne soit pas utilisé pour la méditation, et que l’on n’y amène pas ses propres problèmes, mais plutôt que le visiteur y apporte de la tranquillité – c’est à dire qu’au lieu de venir dans le but de profiter de quelque chose pour soi-même, il vaut mieux y apporter et offrir quelque chose,  pour que cette ambiance soit constamment renouvelée et vivante.  Ainsi, il est demandé aux visiteurs de ne pas y aller tout de suite en arrivant au Centre mais de laisser passer un peu de temps pour qu’ils s’habituent au rythme de vie du lieu.  Effectivement, en entrant dans cette pièce en forme d’hexagone, j’ai senti  une sorte de vibration, de chaleur, de légèreté et de luminosité – ce lieu est habité par la présence de K  et le don fabuleux de son enseignement.

 Les visiteurs du centre sont accueillis par une équipe de 5 personnes permanentes, dont le directeur, Jerôme Blanc est un français qui a enseigné le piano et le développement humain à l’école de Brockwood pendant 6 ans.  En plus de ces personnes, il y a 2 étudiants qui travaillent en  tant que bénévoles – ils sont logés et nourris, et en échange ils travaillent 6 heures par jour.   Ce sont aussi des personnes qui préparent leur propres études, dont le sujet doit être lié à l’enseignement de K. 

 Le bâtiment est calme et spacieux avec des plafonds hauts et voûtés – il y a beaucoup de formes géométriques, surtout l’hexagone – les matériaux sont de la plus haute  qualité – bois, pierres et carrelage – tout est harmonieux, confortable sans être luxueux : tout est  simple et reposant. 

 Mais ce n’est pas uniquement la qualité des lieux et la richesse de la bibliothèque qui sont intéressants quand on séjourne au Centre : j’ai eu la chance de faire la connaissance de plusieurs personnes intéressantes, étudiants eux aussi de l’enseignement  de Krishnamurti.

 Comme les vacances scolaires approchaient, plusieurs parents se trouvaient en visite au centre afin de récupérer leurs enfants, discuter avec les professeurs, et  surtout voir le spectacle de fin d’année !! 

 J’ai rencontré des gens de nationalités différentes, par exemple, Victor, homme d’affaires mexicain installé aux États-Unis, et fier papa de Claudia, 17 ans.  Ou encore Françoise, maman française d’Isabelle, 16 ans.  J’ai aussi fait la connaissance de Pym, un hollandais rieur et plein d’humour : visiteur fidèle au Centre depuis des années, il a eu la chance de y rencontrer K juste avant sa mort en 1986.

 C’est là aussi que j’ai fait la connaissance de Jackie McInley, une anglaise qui vit en France depuis plusieurs années, et avec qui j’ai sympathisé.  Installée aux portes de Toulouse en pleine campagne, Jackie organise des ateliers et des groupes de ‘dialogue’ en anglais et en français, autour des thèmes abordés par K.   Nous avons discuté longuement sur des possibilités de co-ordonner nos activités, moi en tant que professeur de yoga fortement intéressée par l’œuvre de K , et elle en tant qu’animatrice des ateliers et des stages.  Nous continuons à dialoguer et à voir où ce contact peut nous emmener.  (voir le site www.opendoor.com)