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La transformation de la conscience

 Jérome K.

J'aimerai faire part de mon expérience à ce sujet ( la dépersonnalisation même si ce mot peut paraître inadéquat et/ou trop restrictif )
 Il y a quelque temps j'avais essayé de prendre du recul par rapport à moi-même, de concevoir mon existence, de "me saisir Moi", de me re-situer Moi-même dans mes activités aussi diverses soient-elles. Or, je suis vite tombé dans une impasse, un malaise existentiel en quelque sorte. Car en "Me" cherchant, en tentant de "Me" voir "Moi", Je ne faisais qu'échapper à Moi-même. Là où je voulais que cette recherche de Mon " Etre " aboutisse à une plus grande unité, celle-ci ne faisais que déboucher sur une dualité, devenant ainsi à Moi-même un simple étranger . Au plus je désirais chercher et trouver Mon Etre ( désolé si je me répète ) au plus, celui-ci se dérobait au point de ne plus savoir qui j'étais, (je ne me reconnaissais plus dans ce que je faisais ).
Le Je ( pas forcément à prendre au sens de l'ego ) qui se cherche est-il donc voué à un "cul de sac", à un égarement à soi, une perte d'identité ou plutôt d'individualité - Qu'est-ce que le soi ? Qu'en pensez-vous ? ( beaucoup de questions je sais ^^....)
PS: Quand je dis "Moi", j'essaye de parler d'un soi au delà d'un simple Ego.
Merci.

  Philippe D.

La division comme opération de l'intellect n'a rien à voir avec l'expérience de témoignage. Le témoin est un état d'être naturel, pas le résultat d'une analyse. Le fait même de chercher le moi aboutit nécessairement au vide, parce que le moi n'est finalement qu'un concept. il y a cependant un sentiment d'Identité immanent à toute manifestation, mais cela ne sera jamais objectivable. C'est inconnaissable. C'est la toile de fond de toute expérience, mais cela ne peut pas être pointé. Car c'est à partir de là que toute chose peut être consciemment pointé. Il n'y a pas à chercher à concevoir une existence séparée, l'individualité est là, comme les choses sont là. Bercer par une présence qui reste indéfinissable, à la fois profondeur impersonnelle et sentiment subtil d'identité.

  Jérôme K.

Cela m'amène à m'interroger sur le "lien" , "la relation" entre la volonté et la conscience. D'où naît cette volonté ( essayons de faire abstraction, ici, de l'Ego ) qui nous pousse à orienter notre vie dans telle ou telle direction, à choisir une chose plutôt qu'une autre. Notre éducation ou une explication purement biologique peuvent sans doute répondre en partie à cette question mais pas totalement. Cela risquerait de n'être que trop réducteur. Si je conçois que notre "volonté" ait sa place dans notre conscience, ( bien qu'il conviendrait de définir ce qu'on entend par le mot "place" ) , elle n'en est peut-être pas son origine. Notre conscience serait-elle alors seulement à ranger au rang de simple "témoin" de nos actes et de notre existence ? Mais si c'était le cas, ne risquerions-nous de tomber dans une sorte de caricature tel un robot programmé à exécuter certaines tâches tout en ayant conscience de les faire ? Merci.

Philippe D.

Il n'y a pas de différence entre la volonté au sens ordinaire et l'ego, ce n'est qu'une seule et même chose, la volonté, c'est moi qui veut. Donc pas d'abstraction possible. Effectivement parler de la "place" de la volonté dans la conscience est passablement étrange. Trop de fragmentation. Disons plutôt qu'il y a le mental, et que dans les différents aspects du mental, nous trouvons la pensée, comme idéation, la mémoire, l'imagination, la représentation en général. La volonté en fait partie, tout autant que le désir.

Jérôme K.

Donc, supprimer l'Ego serait impossible. Ne faudrait-il pas alors chercher quelle importance lui accorder ? Mais si mon "Ego est Moi" ( dans le sens où il n'appartient à personne d'autre ), je ne peux pas me "diviser" psychologiquement pour juger mon Ego; car dans ce cas là qui est le juge? si ce n'est le risque d'être que mon Ego ( dualité dangereuse...) J'en arrive donc à une sorte d'impasse. La solution se trouverait-elle dans ma conscience ? Mais là aussi, j'ai l'impression de risquer cette "division", je ne peux être le témoin de moi-même puisque "JE SUIS" . Comment sortir de cela ?

Philippe D.

Il n'y a pas vraiment de division, ce que vous êtes réellement, c'est la conscience témoin. L'ego est une petite identité tissée avec votre histoire personnelle. Juste une pensée qui tourne en rond de manière nombrilique et qui cherche à vous persuader qu'elle est vous-même. Jusqu'au jour où vous vous apercevez qu'il n'a pas de réalité. Il n'est là que de manière réactive, en fonction du passé. Dès que vous êtes dans le présent, ouvert, dans la beauté, dans l'étonnement, dans l'amour, dans la joie, pffff... plus d'ego. Votre existence véritable est impersonnelle, elle témoigne affectueusement de ce qui se produit dans le temps. La personne est une fiction inventée à partir du passé. C'est tellement une fiction qu'il faut se raconter continuellement des histoire pour arriver à se persuader qu'il est réel. Quand il est là, c'est toujours dans un bavardage, un radotage de sa petite histoire. Il se donne substance en s'appuyant sur le passé. Vous n'êtes que le témoin. Mais le témoin, étrangement, ce n'est "personne", ce n'est pas du tout la petite personne. "Je suis" quand ont l'éprouve s'étend à l'infini dans l'Etre et se dépouille de tout continu individuel. Une pulsation de la Conscience qui donne "Je". 

Jérôme K.

Je suis très bien votre raisonnement mais le "Mental" ( avec tout ce qu'il comporte... ) dans tout ça, quelle place ou plutôt quel rôle lui laisser ? De plus et dernière question pour finir : La " présence à soi " passe-t-elle par cette conscience impersonnelle ?

Philipp e D.

La Présence est impersonnelle, oui. C'est un peu comme la page blanche sur laquelle on écrit. Une neutralité de fond qui accepte ce qui est. Sur la place du mental, la question est importante. Le mental a sa place, comme le reste, tant qu'il n'accapare pas le sens de l'identité. Ce qui pose problème, c'est une identification fanatique à la pensée. Pour le reste, quand le mental est remis à sa place, il ne pose pas de problème. Il est indispensable pour la gestion pratique de la vie, pour tout ce qui exige une approche rationnelle. Il a sa place dans le savoir, sous la forme des constructions et des distinctions de l'intellect, pour autant qu'elles peuvent nous aider à mieux comprendre la complexité de la vie. Cependant, dans la présence, le mental cesse d'être au premier plan. Il existe une intelligence propre à la présence, qui n'est pas la pensée de l'intellect, qui est plus vaste que le mental. Il me semble que la vraie question n'est pas de nier le mental, mais de le remettre à sa juste place.


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