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La transformation de la conscience

 Irina B.

Mon frère, qui nous a quittés soudainement l'été dernier, a vécu cette vie dans une grande souffrance. Il m'est arrivé de me dire "et si..., et si..." . La pensée juste serait donc "c'était son chemin, il avait à vivre ça." Ma mère vit dans la souffrance. Vous parliez plus haut de "corps émotionnel"... Il semblerait que son corps émotionnel s'active souvent et rapidement, et qu'ils y ait de nombreux déclencheurs. Accompagné d'une forte négativité... Elle s'accroche à son passé, se définit par lui, se pose en victime incomprise. J'ai tenté de lui faire comprendre qu'elle gâchait le précieux présent pour un passé qui n'était plus... je lui ai prêté Le Pouvoir du Moment présent  d'Eckart Tolle, en vain. La pensée juste serait donc "c'est son chemin, son libre arbitre" ? Dans les faits à présent j'évite sa compagnie à cause de toute cette négativité. Et j'avoue préférer voler avec des oiseaux dont le plumage entre en résonance avec le mien.

Pour utiliser une métaphore, c'est comme si j'étais sur un bateau nommé "souffrance", entourées d'autres personnes, et que passe une barque nommée "libération"... Je commence à monter dans cette barque, avec d'autres personnes, et quand je me retourne je vois que certaines personnes restent sur le bateau. Quelques-unes voient la barque mais restent comme transies dans le bateau, d'autres ne la voient même pas. J'ai envies de leur dire "venez ! c'est génial ! la galère est finie ! embarquons !" ... Je vais monter sur cette barque, parce que je sais que c'est la chose à faire, mais j'ai l'impression d'abandonner mes compagnons d'infortune/de fortune. Vous savez comme dans ces films où il y en a un qui, blessé à la jambe, dit à l'autre "vas-y, ne m'attend pas, pars sans moi...". Et l'autre s'en va (ou pas) sachant que c'est la seule issue, mais le coeur serré.

Philippe D.

Description magnifique. Ne pensez surtout pas que vous êtes la seule à faire cette expérience. Il y a des milliers et des milliers de personnes dans votre situation. Eckhart raconte des expériences semblables avec son père.  Vraiment très très drôles. On entend tout l'auditoire se gondoler de rire. Complète incompréhension du père qui n'a aucune idée du changement de conscience. Et il y a cette gentillesse d'Eckhart qui écoute, dit juste quelques mots. Il est tout à fait inutile de vouloir forcer les choses. Il y a des personnes qui reçoivent d'un ami enthousiaste Le Pouvoir du Moment présent... et qui vont le laisser sur l'étagère cinq ans! Pour l'ouvrir un jour et être bouleversées. Ou bien le livre y reste 10 ans et n'est jamais ouvert. C'est trop important, le terrain de l'âme,  l'initiative est toujours  personnelle. Dans le domaine du mental, de tout ce qui stimule l'intellect, ce serait bien plus facile, mais cela va bien au-delà. Vous avez maintenant une petite idée de l'ouverture donnée par la lucidité et la compréhension. C'est prodigieux, mais pas toujours très plaisant. Ce qui est étonnant, c'est qu'une plus grande présence, une légèreté, une joie plus vaste, c'est aussi le dévoilement de l'ignorance et de la souffrance présente dans le monde.

Sébastien F.

J’arpente votre site depuis pas mal de temps et c’est à partir de celui-ci que j’ai pris connaissance d’Eckhart Tolle. J’ai découvert aussi que d’autres que lui tiennent essentiellement le même discours et qu’il n’y avait rien d’ « original » en cela, rien d’entièrement nouveau. Cela dit, il faut reconnaître qu’il a une façon particulièrement limpide et accessible de formuler ce qu’il appelle en anglais « pointers », quelques indicateurs vers « la présence » que l’ont doit découvrir par soi-même ainsi qu’une façon fort clairvoyante de débusquer l’ego à l’oeuvre. Avant, l’idée du moment présent n’était pour moi qu’une idée parmi d’autres. Être dans le présent n’a aucun intérêt pour l’ego qui pense très vite « il n’y a rien pour moi ici » et qui se dit par exemple : « Oh oui, être présent, jolie idée mais je dois penser à demain, je dois penser à ce que je vais dire à X pour obtenir de lui ou elle l’effet Y par exemple, et c’est très important que j’y pense car de cet effet dépend mon bien-être/mon plaisir/un futur meilleur... ». Je reconnais cela mais honnêtement, je me laisse encore prendre par ce genre d’idées, elles peuvent être si séduisantes et absorbantes.

     Assez de préliminaires, si j'écris ici c’est parce que j’aimerais partager de la substance concrète tiré d’une expérience personnelle (c’est ce que le forum demande si j’ai bien compris). Pour le contexte, j’ai 20 ans et l’année dernière, j’ai vécu neuf mois parmi un groupe dix de jeunes dans le cadre d’un programme gouvernemental canadien qui consiste à vivre trois mois dans trois différentes province du Canada pour y faire différents travaux bénévoles. Dix jeunes = six filles et quatre garçons, moi inclusivement, vivant sous un même toit. En bref, je suis tombé amoureux de l’une de ces filles. Quand je dis « tombé amoureux », voici ce que cela veux dire : je la désirais intensément et elle représentait pour moi la chance de vivre un bonheur extraordinaire (et qui aurait alors tenté de me convaincre que c’est une illusion ou un mirage, que je ne trouverais pas le bonheur en compagnie de cette « forme », se serait cogné à un mur en béton armé!). Mais comme c’est sans doute le lot de plusieurs en ce monde, mes sentiments était non-partagé. J’ai donc vécu neuf mois auprès de ce que mon esprit percevait comme un joyaux inaccessible. J’aurais intensément voulu qu’elle me voit comme ce qu’elle a toujours désiré. J’en ai souffert énormément. Physiquement, j’avais des moments de puissantes tensions internes, des maux de ventres au point de m’en tordre de douleur (manifestation du « corps de souffrance »? Oui assurément, ainsi que la seconde plus grande souffrance que j'ai connu à côté de mon appendicite!). Je ne l’ai jamais formulé verbalement mais je crois que je pensais ceci : « elle n’a pas encore vu le vrai moi, car si je parvenais à lui montrer le vrai moi (ou moi « idéal », moi « à son meilleur »), alors elle saurait que je lui conviens car je suis définitivement plus intelligent et intéressant que j’en ai l’air!! » (facile de reconnaître l’ego hein :P). Je ne suis jamais parvenu à lui montrer ce fameux « moi adéquat », au contraire j’ai plutôt eu tendance à m’enfoncer. Dans la déprime je me suis même mis à lire « l’inconvénient d’être né » de Cioran question de justifier mon mal-être avec des raisons plus profondes qu’une bête peine d’amour (hahaha!). Pour être tout à fait honnête, je dois avouer cette croyance que j’ai : je crois que certains gens arrivent à jouer allègrement de leur image pour obtenir ce qu’ils désirent et que si je n’y suis pas arrivé, c’est simplement que je ne suis pas très doué. Ce qui m’amène à une idée à mon avis très séduisante (même si plutôt banale en fait) pour l’ego et qui est celle-ci : « Je peux obtenir tout ce que je désire à condition de maîtriser les bons « outils » charisme, sex-appeal, baratinage 101, notions de rhétorique et de psychologie (à des fins de manipulation d’autrui), etc... ». Faut dire qu’un ego qui maîtriserait ce genre de chose, qui aurait enfin le contrôle de son monde (ou du moins l’impression de contrôle qui comme tout est assez subjectif) en tirerai un sentiment de puissance qui ferait qu’il se moquerait bien « d’être présent », non? Ce moi se ficherai qu’on lui dise que son monde est illusion ou qu’il vit soi-disant dans l’ignorance, si l’illusion et l’ignorance lui sont plutôt agréable. C’est juste une idée, je ne tiens à manipuler personne et bien des choses peuvent demeurer hors de mon contrôle sans que j’en fasse tout un cas. J'aurais simplement aimé être aimé de la personne aimée, bref que l’on ait tout les deux l’illusion concordante de trouver le bonheur dans les bras de chacun (héhéhé). Ce serait superficiel de désirer pareille chose? J’ai bien envie de savoir ce qu’un monsieur intelligent ( ;-P ), ou ce que madame Irène (ou tout autre forumeur bien sûr) peut avoir à dire à ce propos. Et dans l’éventualité où quelque chose de semblable aurait été discuté ailleurs sur le forum... désolé ça m’a échappé! Et merci pour ce très chouette site et ses leçons plus qu'intéressantes!

Philippe D.

Ce que vous décrivez est tout à fait ordinaire. Mais au fond ce qu'on tire de votre texte, c'est que les relations amoureuses, c'est carrément de l'illusion multipliée par 2! "L'illusion concordante" cela n'a de sens qu'en rêve. Cette idée de montrer un "vrai moi" a-t-elle un sens? Il y a comme deux erreur: ce besoin de "montrer" qui est faux, et ce "moi" prétendu qui l'est autant. Bon sang, mais soyez donc simple dans vos relations et ce sera nettement plus efficace! Votre expérience est importante, elle était nécessaire, car vous aviez besoin de rencontrer la déception pour sonder ce que veut dire une relation inauthentique: celle où l'ego veut tout maîtriser, contrôler, planifier. Cela ne marche jamais et plus tôt on s'en rend compte et mieux cela vaut!

 Irina B.

Si j'ai bien compris la question, Sébastien, c'est " est-il superficiel de vouloir vivre une relation amoureuse authentique et épanouissante ? " ... Je ne pense pas que ce soit superficiel. Autrefois mon bonheur et mon bien-être dépendaient effectivement beaucoup de choses extérieures, du passé, du futur... C'est de moins en moins le cas aujourd'hui. Mais ça ne veut pas dire pour autant que je veux vivre isolée. J'adore partager des moments avec mes amis, avec mon fils, ... . Partager des moments avec l'être aimé est tout aussi important pour moi. La seule chose (essentielle) qui a changée pour moi concernant l'amour amoureux, c'est que je ne veux plus entrer en relation avec quelqu'un pour des mauvaises raisons (manque affectif, solitude, attirance purement physique, illusions, projections, ... ), mais vivre une relation authentique et vraie. Je te vois, tu me vois. Je vois tes ombres et ta lumière, tu vois mes ombres et ma lumière, et nous nous accueillons et nous nous aimons tel que nous sommes. Sans jugement. Tout simplement. Dans la chaleur et la douceur. Main dans la main nous grandissons, ensemble. Petit à petit l'ombre se dissout dans la lumière... J'ai l'intime conviction que ce que Philippe m'a dit plus haut est vrai : "les oiseaux de même plumage volent ensemble...". Alors, cher Sébastien, je n'ai que trois choses à dire : confiance, confiance, confiance. Et garde les yeux et le coeur bien ouverts !


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