Leçon 63.   L’essence de la liberté      

    Dire que l’homme est libre peut se prendre dans un sens très relatif. Libre, oui, mais par rapport à quoi? Par rapport à la société, par rapport à son passé, par rapport à son milieu, son corps? Par rapport à une contrainte. C'est une manière assez négative de penser la liberté. D'un point de vue plus positif, en quoi consiste la liberté? Est-ce que la conscience est en elle-même libre absolument?

    Si c’était le cas, il faudrait comprendre comment l'individualité trouve sa place dans un univers dont la science mécaniste nous montre qu’il est très largement déterminé. Les nuages ne se déplacent pas « librement » dans le ciel. Ils vont et viennent conformément à des courants. Les animaux ne se comportent pas « librement » dans la nature. Ils suivent les lois de la Nature que leur commande leurs instincts.

    Même si nous disposons d'une liberté, de toute manière, il faudrait encore savoir quel usage nous pouvons en faire. En quel sens peut-on dire que seule l’homme dans la nature dispose d’une liberté ?

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A. L’acte libre et le déterminisme

    Depuis la Modernité, nous avons eu tendance à penser la question de la liberté en relation avec le paradigme mécaniste. Si (c'est seulement une hypothèse) la nature est déterminée, comme l’affirme la science mécaniste depuis Descartes, les événements qui occurrent dans la nature répondent à une causalité. Nous disons que D est déterminé si est l’effet d’une cause C, de telle manière que si C n’était pas apparu, D ne pouvait pas non plus se manifester.

                    C ® D

    1) Mais comme C n’est lui-même qu’une composante de la causalité, il est précédé d’une autre cause qui justifie son apparition, on a donc plutôt :

              A ® B ® C ® D

    Nous disons que D est déterminé, s’il est l’effet de C de telle manière que si C n’avait pas eu lieu, il ne pouvait pas non plus avoir lieu. Le lien que nous posons alors entre C et D est un lien de nécessité. Comme C est dans la même situation, la nécessité est une série de causes, qui suit un temps linéaire rigoureux, inflexible et sans cassure. Croire qu’il existe de tels liens de nécessité, c’est professer une doctrine, le déterminisme. On appelle déterminisme une doctrine qui soutient que tout les événements de la nature sont soumis à une nécessité rigoureuse et invariable, de telle manière que si nous connaissions les lois dont la Nature est faite et la positions exacte de chaque objet, nous pourrions prévoir exactement de ce qu’il adviendra de l’état de l’univers dans le futur. C’est ce qui est appelé dans la philosophie classique le rêve de Laplace. (texte)

    

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Vos commentaires

Questions:

1. La conception que nous avons de la causalité change-t-elle la représentation du déterminisme présent dans la Nature ?

2. Si le mot a encore un sens en dehors du monde de la matière, de quelle manière pourrait-on parler d’un « déterminisme » s’appliquant à l’esprit?

3. La lucidité doit-elle être confondue avec un travail de la pensée consistant à délibérer avant de décider en vue d’une action ?

4.  Est-on d’autant plus libre que l’on a la possibilité de faire n’importe quoi ou bien que l’on est d’autant plus conscient de ses actes?

5. Le libre arbitre absolu, n’est-il pas seulement un pur fantasme de l’ego?

6. Prendre conscience de nos motivations, n’est-ce pas la seule manière de libérer nos actes des conditionnements inconscients?

7.  Libérer en nous notre préférence la plus intime, est-ce pour autant choisir de faire n’importe quoi?

 

 

    © Philosophie et spiritualité, 2002, Serge Carfantan.
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