Leçon 134.    Recherches sur l’intelligence artificielle      pdf téléchargement     Téléchargement du dossier de la teçon

    Le terme « intelligence artificielle » a été inventé au congrès de Dartmouth en 1956 pour désigner un programme consistant à concevoir une machine intelligente. Nous avons vu plus haut le passage de l’outil au mécanisme et du mécanisme à la machine-outil. L’outil est un objet que l’homme tient en main qui permet d’exécuter une action. Un mécanisme permet de démultiplier une force et un mouvement. Le concept de machine n’enveloppe qu’une structure limitée. Il définit une structure artificielle comportant des mécanismes et dans laquelle une configuration de solides en mouvement les uns par rapport aux autres est maintenue. L’adjonction d’un moteur  donne à une machine une aptitude à maintenir un mouvement régulier. Jusque là, il ne viendrait à personne l’idée de prétendre que la machine est intelligente, toute l’intelligence que l’on y trouve, n’est jamais que l’ingéniosité de l’ingénieur qui l’a conçu et rien de plus. La dépendance de la machine par rapport à l’homme est telle que nous ne pouvons pas lui prêter le moindre soupçon d’intelligence.

    Quand parlons nous d’intelligence à ce propos ? Seulement si la machine devient capable d’un certain degré d’auto-référence. Si elle peut s’arrêter toute seule. Si elle peut se déclencher au moment opportun. Si elle est capable de recueillir une masse d’informations, de l’évaluer et de déclencher une série de processus en conséquence. Si elle se montre capable de calculer avec des données. Si elle peut faire preuve d’initiatives et résoudre des problèmes. Si elle pouvait se réparer, se développer, se reproduire toute seule, sans qu’il soit nécessaire qu’un être humain veille à toutes ces fonctions. Bref, une machine parfaite devrait parvenir à faire aussi bien que

    Mais qu’est-ce que l’intelligence ? Quel rapport y a-t-il entre l’intelligence et le vivant ? Est-il seulement pertinent d’accoler ces deux mots : « intelligence » et « artificielle » ? L’intelligence est-elle le propre de la conscience humaine ? L’intelligence artificielle est-elle un ensemble de procédés pour reproduire le comportement humain, ou bien n’est-elle qu’une tentative pour modéliser un comportement humain ?

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A. Les formes de l’intelligence

    Le concept "d’artificiel" ne soulève pas de difficulté. Il fonctionne dans la dualité : artificiel/naturel. Un tronc d’arbre est naturel, parce qu’on le rencontre tel quel dans la nature, le lit est artificiel, parce qu’il est tiré de matériaux naturels, et assemblé avec. Dans la nature, il n’y a pas d’assemblages, c’est l’homme qui assemble des pièces et compose ainsi soit des œuvres d’art, des outils ou des machines. Ce concept d’assemblage est extrêmement important parce qu’il fait toute la différence entre par exemple la montre, qui est une machine et l’écureuil qui est un être vivant. Toutes nos machines humaines sont assemblées. Et pourtant, nous parvenons artificiellement à imiter des éléments vivants , ce que l’histoire des automates montre assez bien, sans égaler son auto-référence. Nous parlons d’automate intelligent quand un degré d’auto-référence est réalisée par la machine, tel que par exemple, le fait de pouvoir s’arrêter, de redémarrer toute seule, de régler ses propres processus. C’est à ce type de recherche d’ingénierie que l’on donne le nom d’intelligence artificielle. Examinons toute d’abord quel concept d’intelligence il suppose. (texte)

     1) Nous avons vu que le mot intelligence venait d’inter-ligare, entre-lier. L’intelligence est ce qui relie, ce qui fait un lien entre deux objets séparés. L’intelligence n’est cependant pas un physique. Un pont n’est pas intelligent parce qu’il fait le lien entre deux rives du fleuve. C’est l’idée du pont qui l’est. Avoir l’idée de surmonter l’obstacle de la rivière en construisant un pont, c’est relier des moyens en vue d’une fin et faire preuve d’ingéniosité. Ce qui constitue une forme d’intelligence. Pour qu’il y ait intelligence, il faut que nous puissions trouver un lien non pas matériel, mais intelligible entre deux objets distincts de telle sorte qu’ils forment un ensemble ou un tout intelligent.

A partir de là, nous pouvons distinguer :

    a) L’intelligence dans la Nature. C’est elle que nous repérons quand nous observons par exemple l’agencement tout à fait remarquable des éléments d’un œil en fonction d’une fin qui est la vue. C’est aussi le lien remarquable qui structure les étapes séquentielles du développement de l’embryon dans le fœtus. C’est encore l’organisation systémique des espèces vivantes dans laquelle existe une corrélation constante et une régulation. Ce que montre très bien l’écologie. En allant plus loin, avec Sheldrake et Lovelock, on remarquera même que la Terre peut parfaitement être comprise comme une entité intelligente. Là où est présente l’intelligence, il y a nécessairement un ordre, une relation, une implication mutuelle de parties dans un tout, des boucles constantes de régulation. Là où une intelligence des choses nous apparaît, le hasard, la séparation et le désordre disparaissent et ce sont les liens qui deviennent manifestes. Le mot que nous utilisons pour qualifier l’intelligible au niveau de la nature est l’information. Nous savons que le vivant, que ce soit sur plan individuel ou sur un plan collectif, boucle en permanence une quantité prodigieuse d’information. Les biologistes pensent avoir trouvé le siège de l’information du vivant dans la structure de l’ADN. Nous avons vu que l’alliance entre la structure de l’ADN et la résonance morphique nous donne quelques clés pour comprendre la manifestation intelligente de la vie. Nous savons que l’univers dans son ensemble peut être conçu comme un champ d’information dynamique intrinsèquement corrélé. Sans aller chercher la physique la plus avancée, à notre échelle, l’observation honnête,

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    b) L’intelligence humaine. L’appréhension la plus adaptée au concept d’intelligence artificielle de l’intelligence humaine est donnée dans l’aptitude logique du mental à calculer (computation). On dit du joueur d’échec qu’il est intelligent, parce qu’il parvient à relier (relation) un ensemble d’éléments, les pièces de son jeu, en vue d’une fin : mettre mat un adversaire. En partant de ce modèle, on définit l’intelligence comme une aptitude à résoudre un problème en agençant les moyens en vue d’une fin. Considérer une situation d’expérience comme un  problème et trouver la meilleure manière de le résoudre est le propre du mental humain et de sa forme d’intelligence la plus caractéristique. Le sens commun distingue entre un individu à l’intelligence médiocre, parce qu’il est plutôt lent à voir les relations et à calculer, et un individu supérieurement intelligent car il a une promptitude à saisir très vite une relation et à effectuer un calcul. Nous appelons intelligence abstraite cette forme d’intelligence qui consiste avant tout dans une habileté à manipuler des symboles.

    En réalité, pour être précis, comme nous l’avons montré, il faut distinguer deux plans :

    - le mental intuitif, (R) qui s’exerce dans le voir de l’intelligence. C’est à ce voir que nous rattachons à juste tire le regard intelligent.  Intelligent veut essentiellement dire : très intuitif.

   - le mental discursif, qui procède par le raisonnement et le calcul. Le mental discursif est épris de démonstration et il est très à l’aise dès l’instant où il s’agit d’appliquer mécaniquement une règle.

    Tout professeur de mathématique sait que ces deux formes d’intelligence sont distinctes et il fait la différence entre un élève brillant qui a des facilités et un autre qui est plutôt un tâcheron qui abat des exercices, mais se trouve égaré dans un cas qui sort de l’application habituelle des règles. Le mental discursif a un aspect mécanique, comme tout calcul est mécanique. Et c’est exactement ce dont la calculette et l’ordinateur peuvent nous décharger. Le mental intuitif est bien plus créatif, son pouvoir est par nature heuristique. Nous disons d’un être humain qu’il est intelligent surtout dans son aptitude créatrice et non pas en tant qu’exécutant d’opérations.

     L’intelligence enveloppe : a) l’aptitude à comprendre, à acquérir et retenir une connaissance intimement liée avec l’expérience. b) Elle suppose aussi l’aptitude à user du raisonnement pour résoudre un problème. c) Enfin, nous parlons d’intelligence aussi dans un cadre très précis de la réponse juste, exacte et spontanée à une situation d’expérience.

    2) La psychologie humaniste a montré cependant les limites de l’intelligence abstraite. Abraham Maslow s’est distingué pour avoir refusé l’identification de l’excellence humaine à une simple performance au QI. Selon Maslow, ce qui caractérise le développement de la personnalité c’est son caractère global. L’homme n’est pas seulement un esprit, il est aussi un corps et une âme. L’hyperdéveloppement de l’intellect discursif peut très bien se faire au dépend des autres aspects de la personnalité. En clair, un individu au QI élevé peut par ailleurs être incapable de ses deux mains, autiste dans ses relations et n’avoir qu’une très faible empathie à l’égard de l’humanité en général.

    Il est parfaitement fondé de distinguer l’intelligence pratique de l’intelligence abstraite. L’ingéniosité peut être très développée chez un homme qui par ailleurs se révèle malhabile dans le domaine de l’abstraction et du calcul.  

    De même, l’intelligence relationnelle peut être très développée chez une personne qui par ailleurs est assez maladroite dans sa relation aux objets et très peu capable d’abstraction. Il est fréquent chez l’homme de science que le brio intellectuel soit allié avec un manque de pénétration psychologique évident.

    Que dire de l’intelligence du cœur ! E

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       © Philosophie et spiritualité, 2005, Serge Carfantan,
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